Aller au contenu

Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, II.djvu/63

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

la suite, quand je viendrai à parler des im­pôts[1]. En supposant toutefois, pour le moment, qu’ils aient cet effet (et ils l’ont indubi­tablement), cependant ce renchérissement général de toutes les marchandises et, par suite, celui du travail, n’est pas la même chose que le renchérissement d’une marchan­dise particulière causé par un droit imposé directement sur elle, et il en diffère sous les deux rapports suivants -

Premièrement, il est toujours aisé de connaître avec la plus grande exactitude de combien une marchandise se trouve renchérie par un droit directement et spéciale­ment imposé sur elle ; mais il serait impossible de déterminer avec quelque précision de combien le renchérissement général du travail pourrait influer sur le prix de chaque différente marchandise produite par le travail. Il y aurait donc impossibilité de proportionner, avec quelque exactitude, l’impôt sur chaque marchandise étrangère au renchérissement de chaque marchandise nationale.

Secondement, les impôts sur les choses nécessaires à la vie ont, sur le sort du Peuple, à peu près le même effet qu’un sol ingrat ou un mauvais climat. Ces impôts renchérissent les denrées de la même manière que si elles coûtaient plus de travail et de dépense qu’à l’ordinaire pour être produites. Comme dans la cherté naturelle qui procède de la pauvreté du sol ou de la dureté du climat, il serait absurde de prétendre diriger les gens sur la route qu’ils ont à prendre pour l’emploi de leurs capitaux et de leur industrie, il ne le serait pas moins de le vouloir faire dans cette cherté artificielle causée par les impôts. Leur laisser assortir, du mieux qu’ils l’entendront, leur industrie à leur situation, et les laisser chercher eux-mêmes les emplois dans lesquels, malgré les circonstances défavorables où ils se trouvent, ils pourront avoir quelque avantage, soit sur le marché intérieur, soit sur le marché étranger, c’est évidemment le parti qui peut, dans l’un comme dans l’autre de ces deux cas, être le plus avantageux pour eux. Mais établir sur eux un nouvel impôt parce qu’ils sont déjà surchargés d’impôts, et par la raison qu’ils payent déjà trop cher les choses nécessaires à la vie, vouloir leur faire payer également plus cher la plupart de tous les autres objets de leur consommation, c’est à coup sûr le moyen le plus étrange qu’on puisse imaginer pour adoucir leur situation.

Ces sortes d’impôts, quand ils sont montés à un certain point, sont

  1. Liv. V, chap. ii, section ii, art. 4, impôts sur les objets de consommation.