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Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, II.djvu/675

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même de tout ce qui leur garantit leur liberté, leur propriété et leur religion ; gouvernement duquel plusieurs des colonies de l’Amérique tiennent leurs chartes actuelles et, par conséquent, leur présente constitution ; auquel, enfin, toutes ces colonies en général doivent la liberté, la sûreté et la propriété dont elles ont toujours joui jusqu’à présent. Cette dette a été contractée pour la défense, non pas de la seule Grande-Bretagne, mais de toutes les parties de l’empire. La dette immense de la guerre dernière en particulier, et une grande partie de celle de la guerre qui avait précédé ont été, l’une et l’autre, contractées spécialement pour la défense de l’Amérique.

Outre la liberté de commerce, l’Irlande gagnerait à une union avec la Grande-Bretagne d’autres avantages beaucoup plus importants, et qui feraient bien plus que compenser toute augmentation d’impôts que cette union pourrait amener avec elle. Par l’union avec l’Angleterre, les classes moyennes et inférieures du peuple en Écosse ont gagné de se voir totalement délivrées du joug d’une aristocratie qui les avait toujours auparavant tenues dans l’oppression. Par l’union avec la Grande-Bretagne, la majeure partie du peuple de toutes les classes en Irlande aurait également l’avantage de se voir délivrée d’une aristocratie beaucoup plus oppressive ; d’une aristocratie qui n’est pas, comme en Écosse, fondée sur les distinctions naturelles et respectables de la naissance et de la fortune, mais qui porte sur les plus odieuses de toutes les distinctions qui, plus que toute autre, excitent à la fois l’insolence des oppresseurs et allument la haine et l’indignation des opprimés ; qui rendent enfin, pour l’ordinaire, les habitants d’un même pays ennemis plus acharnés les uns des autres que ne le furent jamais des hommes de pays différents. À moins d’une union avec la Grande-Bretagne, il n’y a pas à présumer que, de plusieurs siècles encore, les habitants de l’Irlande puissent se regarder comme ne formant qu’un peuple[1].

Aucune aristocratie oppressive ne s’est encore fait sentir dans les colonies. Toutefois, elles n’en auraient pas moins elles-mêmes à gagner considérablement, sous le rapport du bonheur et de la tranquillité, à une union avec la Grande-Bretagne. Au moins cette union les délivrerait-elle de ces factions haineuses et emportées, toujours inséparables

  1. Que dirait Adam Smith s’il assistait au spectacle des Meetings présidés aujourd’hui par O’Connell ? A. B.