Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, II.djvu/79

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naire des dettes et créances respectives entre deux places, il doit être pareillement une indication du cours ordinaire de leurs exportations et importations respectives, celles-ci déterminant nécessairement l’état de situation des créances et des dettes.

Mais quand même on accorderait que le cours ordinaire du change pût être une indication suffisante de la situation ordinaire des dettes et créances respectives entre deux places, il ne s’ensuivrait pas de là que la balance du commerce penchât du côté de la place qui aurait en sa faveur l’état de situation ordinaire des dettes et créances. L’état de situation ordinaire des dettes et créances respectives entre deux places ne se règle pas toujours uniquement par le cours ordinaire des affaires de commerce qu’elles font l’une avec l’autre ; mais il se ressent souvent des affaires que peuvent faire l’une ou l’autre d’elles avec plusieurs autres places. Par exemple, si les commerçants anglais sont dans l’usage de payer, en lettres de change sur la Hollande, les marchandises qu’ils achètent de Hambourg, Dantzick, Riga, etc., l’état de situation ordinaire des dettes et créances respectives entre l’Angleterre et la Hollande ne se réglera pas toujours uniquement sur le cours ordinaire des affaires de commerce faites entre ces deux pays, mais il se ressentira des affaires que l’Angleterre aura traitées avec les trois autres places. L’Angleterre pourrait être obligée d’envoyer chaque année de l’argent en Hollande, quoique ses exportations annuelles en ce pays excédassent de beaucoup la valeur de ce qu’elle en importerait annuellement, et quoique ce qu’on appelle la balance du commerce pût être de beaucoup en faveur de l’Angleterre.

D’ailleurs, de la manière dont le pair du change a été calculé jusqu’ici, le cours ordinaire du change ne peut pas fournir d’indication suffisante pour assurer si la situation ordinaire des dettes et créances respectives est en faveur du pays qui paraît avoir ou qui est supposé avoir en sa faveur le cours ordinaire du change, ou, en d’autres termes, le change réel peut être et est souvent, dans le fait, tellement différent du change tel qu’il est escompté dans le cours public des changes, que la plupart du temps on ne peut rien conclure de certains du cours de ce dernier, relativement à l’état du change véritable.

Quand pour une somme d’argent payée en Angleterre, contenant, d’après le titre de la monnaie, un certain nombre d’onces d’argent fin, vous recevez une lettre de change pour une somme d’argent payable en France, contenant, d’après le titre de la monnaie de France, un