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à cause du droit plus fort qui se paye pour la garde du métal le plus précieux.

La personne qui, au moyen d’un dépôt de lingots, obtient un crédit sur la banque et un récépissé, paye ses lettres de change à leur échéance avec son crédit sur la banque et, quant à son récépissé, elle le vend ou elle le garde, selon qu’elle présume que le prix du lingot est dans le cas de baisser ou de hausser. Le récépissé et le crédit sur la banque restent rarement longtemps dans la même main, et il n’est pas besoin qu’ils y restent. La personne qui a un récépissé et qui veut retirer des lingots trouve toujours en abondance des crédits sur la banque ou de l’argent de banque à acheter au prix ordinaire, et la personne qui a de l’argent de banque et qui a besoin de retirer des lingots trouve toujours des récépissés en aussi grande abondance.

Les propriétaires de crédits sur la banque et les porteurs des récépissés forment deux différentes sortes de créanciers à l’égard de la banque.

Le porteur d’un récépissé ne peut retirer le lingot pour lequel ce récépissé a été délivré, sans rétrocéder à la banque une somme, en argent de banque, égale au prix auquel le lingot a été reçu. S’il n’a pas d’argent de banque, il faut qu’il en achète de ceux qui en ont. Le propriétaire d’argent de banque ne peut retirer de lingots, à moins de présenter à la banque des récépissés représentant la valeur des lingots dont il a besoin. S’il n’a pas de récépissé, il faut qu’il en achète de ceux qui en ont. Quand le porteur d’un récépissé achète de l’argent de banque, il achète la faculté de retirer une quantité de lingots qui valent, au prix de la Monnaie, 5 pour 100 au-dessus du prix donné par la banque. Ainsi, l’agio de 5 pour 100 qu’il paye communément pour avoir cet argent de banque, il ne le paye pas pour une valeur imaginaire, mais bien pour une valeur réelle. Quand le propriétaire d’argent de banque achète un récépissé, il achète la faculté de retirer une quantité de lingots, qui valent, au prix de marché, communément de 2 à 3 pour 100 au-dessus du prix qu’on en donne à la Monnaie. Le prix qu’il donne pour ce récépissé est donc également payé pour une valeur réelle. Le prix du récépissé et le prix de l’argent de banque composent ou complètent entre eux la valeur entière ou le prix du lingot.

La banque donne pareillement des récépissés, aussi bien que des crédits, sur des dépôts de monnaie courante du pays ; mais ces récépissés sont souvent sans valeur ou n’ont pas de prix au marché. Par exemple, sur les ducatons, qui passent dans la monnaie courante pour