Aller au contenu

Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, II.djvu/90

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

récépissés sont expirés se trouve mêlée et confondue avec la portion, beaucoup plus grande, dont les récépissés sont encore en vigueur ; de manière que, quoiqu’il puisse y avoir une somme très-considérable d’argent de banque pour laquelle il n’y a point de récépissés, cependant il n’y a aucune somme ou portion spécifique d’argent de banque qui ne soit pas sujette à être demandée à tout moment en vertu d’un récépissé. La banque ne peut devoir la même chose à deux personnes à la fois, et le propriétaire d’argent de banque qui n’a pas de récépissé ne peut demander de payement à la banque, à moins qu’il n’en achète un. Dans les temps calmes et ordinaires, il ne doit pas être difficile d’en trouver un à acheter au prix courant de la place, qui, en général, correspond au prix auquel il pourra vendre le lingot ou les espèces que ce récépissé l’autorise à retirer de la banque.

Il n’en serait pas de même au moment d’une calamité publique, d’une invasion, par exemple, telle que celle qui eut lieu de la part des Français en 1672. Les propriétaires d’argent de banque, en pareil cas, étant tous très-pressés de retirer leurs fonds de la banque, pour les avoir eux-mêmes entre leurs mains, la demande de récépissés serait telle qu’elle pourrait en faire monter le prix à un taux exorbitant. Les porteurs de récépissés pourraient faire la loi et spéculer sur des profits excessifs ; ils pourraient, au lieu de 2 ou 3 pour 100, exiger la moitié de l’argent de banque dont il a été donné crédit sur les dépôts pour lesquels les récépissés respectifs ont été délivrés. L’ennemi même, connaissant la constitution de la banque, pourrait faire acheter sur la place tous les récépissés possibles, afin d’empêcher que le trésor ne disparût. Dans des circonstances pareilles, on présume que la banque s’affranchirait de sa règle ordinaire, de ne payer qu’aux porteurs des récépissés. Les porteurs de récépissés qui n’ont pas d’argent de banque, ont dû nécessairement déjà toucher, à 2 ou 3 pour 100 près, toute la valeur des dépôts pour lesquels leurs récépissés respectifs ont été délivrés. En conséquence, dit-on, la banque, en pareil cas, ne se ferait pas scrupule de payer en espèces ou en lingots la totalité des valeurs pour lesquelles seraient crédités sur ses livres les propriétaires d’argent de banque qui n’auraient pu se procurer de récépissés, mais en payant en même temps 2 ou 3 pour 100 aux porteurs de récépissés, qui n’auraient pas d’argent de banque ; ce qui est tout ce qu’on peut présumer leur revenir avec justice dans un pareil état de choses.

Même dans les temps calmes et ordinaires, l’intérêt des porteurs de