Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Roucher, 1792, I.djvu/20

La bibliothèque libre.
Aller à la navigation Aller à la recherche
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

lier, applique et dirige le travail commun ; secondement, par le rapport numérique entre les individus qui s’occupent d’un travail utile, et ceux qui ne s’occupent pas utilement. Quelle que soit la nature du climat, la fécondité du sol et l’étendue du territoire, l’abondance ou la rareté des objets de consommation dépend de ces deux causes.

Il semble, à la vérité, que la première est plus active et plus puissante que la seconde. En effet, chez les peuplades sauvages, qui ne vivent que du produit de leur pêche ou de leur chasse, chaque individu, assez robuste pour travailler, s’occupe plus ou moins d’un travail utile, et cherche à pourvoir, autant qu’il est en lui, aux nécessités et aux agrémens de la vie, soit pour lui-même, soit pour les membres de sa famille ou de sa horde, qui trop jeunes, ou trop vieux, ou trop infirmes, ne peuvent se livrer aux fatigues de la chasse & de la pêche ; & cependant ces peuplades vivent dans une si grande pauvreté, qu’elles sont forcées, ou croient l’être du moins, tantôt de détruire de leurs propres mains, tantôt d’abandonner aux horreurs de la faim ou à la voracité des animaux féroces, leurs enfans, leurs vieillards et tous les malheureux épuisés