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compliquées, telles que le navire du matelot, le moulin du fouleur, ou même le rouet du fileur. Considérons seulement la variété de travail consumé à former un instrument aussi simple que les ciseaux dont s’est servi le berger pour la tonte de son troupeau. Le mineur qui a tiré le fer des entrailles de la terre ; le maçon qui construisit le fourneau destiné à fondre le métal ; le bûcheron qui abattit le bois ; l’homme qui administra le charbon que la fonderie consume ; & et celui qui a changé la terre en briques, sans oublier ni la main qui les a rangées en divers compartimens, ni celle qui a dirigé l’ouvrage entier des fourneaux, ni le méchanicien à qui on doit le moulin, jusqu’au forgeron, dernier anneau de cette longue chaîne d’ouvriers, tous à la fois ont uni leurs travaux divers, pour faire les ciseaux du berger.

Examinons de même dans chacune de leurs parties l’habillement & le ménage du berger. La chemise de grosse toile, qu’il porte sur sa chair, les souliers qui défendent ses pieds, le lit où il repose, le gril dont il se sert pour apprêter sa nourriture, le charbon qui pour venir se placer sous ce rézeau de fer fut tiré du sein de la