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LE PLUMAGE DES OIES

entendre, au printemps, quand vient la couvaison, les discussions entre les hommes et les femmes. Les hommes, habitués aux rudes besognes, ne s’arrêtent pas à ces choses qu’ils jugent pas sérieuses ; les femmes, elles, apprécient l’utilité des oies pour le cultivateur : ça ne prend pas grand soin et ça rapporte beaucoup ; et les maris n’entendent pas, cela de la même manière : des oies… ça ne paie pas : ça mange du grain comme trois chevaux et c’est toujours rendu partout. Y a-t-il une pièce de blé qui commence à pointer… ça se fait des chemins dans l’herbe et c’est de même jusqu’aux récoltes, sans compter les visites dans les champs du voisin. Et les femmes par cet instinct de pitié pour ce qui n’est pas aimé, trouvent toutes sortes d’arguments en faveur de leur cause : pas d’oies pour les repas de famille au temps du jour de l’an et des jours gras… quel carnaval Seigneur ! Et puis le grain… les garçons en ont toujours quelques platées pour la pouliche… pour qu’elle paraisse bien le dimanche soir, et c’est là où il va le grain… Mais la corde sensible c’est le point d’orgueil : tout le canton est en train d’en élever ce printemps, et ils seront les seuls à ne pas en avoir ; et quand la femme d’un tel qui est curieuse comme quatre leur demandera s’ils ont bien réussi, ils seront obligés de répondre,