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LE PLUMAGE DES OIES

d’avance que les hommes, que le duvet va faire de bons oreillers. Et puis elle ne tarit pas d’éloges sur le compte de ses oies : « Regarde-moi ça mon vieux… deux doigts d’épais sur le ventre ; c’est durement beau de voir ça. » — « Ils m’ont assez mangé d’avoine et de blé pour en avoir de la reconnaissance, » rétorque le vieux qui ne se laisse jamais prendre. Et pour narguer à son tour il raconte l’histoire du trou à bale. Et si vous saviez comme elle est amusante l’histoire du trou à bale. Tenez je vous la conte en deux mots. Défunt grand-père n’aimait pas les oies lui non plus. Or un jour, voilà qu’il les surprend sur le fenil à manger l’orge qu’il avait battue la veille. Sans perdre de temps il fonce dans le tas avec sa fourche et en couche deux par terre ; les autres, mortes de peur, n’ont pas le temps de descendre le pont et se jettent dans le trou à baie. Grand-mère arrive épouvantée en criant : « Mon doux ! mes oies ! mes oies ! » Ses pauvres oies avaient les reins sensibles je vous l’assure ; même il y en eut trois qui moururent à la peine. Trois