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LA CORVÉE

métier, puis lentement, à regret, après l’avoir baisée, dépose au milieu du beau couvre-pieds piqué, une petite bague, un cercle d’or où brille une perle.

La lune éclaire un galbe pur de jeune fille, elle pique les fines aiguilles de ses rayons dans de lourdes tresses de cheveux, noirs comme l’aile des hirondelles, elle transforme en diamants, de grosses larmes qui roulent, suivent les piqûres délicates du couvre-pieds, en tombant de deux grands yeux, couleur d’ambre brûlé.

La jeune fille s’arrête, comprimant de ses mains jointes, son cœur palpitant.

« C’était pour moi, murmure-t-elle haletante, mais on le donnera à une autre bientôt, quand on saura…

« Mon Dieu, vous avez puni ma curiosité. Je me penchais de là-haut, pour entendre ce qu’on dirait de la petite Mariette. Mariette, la jolie, comme l’appellent les bonnes femmes. Mariette la pauvre, qu’a choisie pour femme le plus beau et le meilleur garçon du village. Oui, j’étais orgueilleuse, j’étais fière, et quel horrible secret, j’ai appris !…

« Mon Dieu, mon Dieu, non c’est faux ! Mariette, la fille d’un meurtrier ! Mon père pendu comme un chien, a-t-elle dit, un couteau ensanglan-