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LA CORVÉE

qui là-bas, sur le chemin du roi, fouette sa haridelle, croit voir au repos, dans l’ombre du couchant, de nombreuses vaches blanches…

Fatigué mais joyeux le parti retourne au village ; des voix sonores entonnent tout à tour les chants tant aimés : « Isabeau s’y promène », « Par derrière chez mon père », « Vive la Canadienne », etc., etc. L’écho des lacs comme celui des monts transmet à l’espace cette cantate nouvelle et les hiboux se cachent plus avant, dans leurs trous de mousse grise.

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Neuf heures… la paix du soir emplit le hameau ; une à une les lucarnes se ferment ; les portes se verrouillent ; un chien couché jappe au passage d’un amoureux attardé… la brume monte peu à peu au-dessus des marais… puis c’est le silence, le silence empoignant des campagnes de Québec, où grandit, forte et féconde comme ses avoines et ses blés, une race virile !…