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LES FOINS

a vu, dans un coin de la ferme Duval, le père et André qui préparaient la besogne de la journée. Le père Jacques est méticuleux et lent ; il range avec symétrie et précaution les outils dans la « grand’charrette » ; André est ingambe à cette heure matinale ; il va et vient, pressé, de la porte de l’écurie à celle de la grange grande ouverte. Dans l’étable, on entend un piétinement mou et des raclements de chaînes aux anneaux des mangeoires ; un coq bat des ailes bruyamment et chante dans la « tasserie » ; un autre répond d’une grange voisine qui est là-bas enfouie dans les arbres et sur laquelle pèse encore de l’ombre. Une vache meugle dans le lointain du “pacage”.

À peine eut-on entendu, dans le brumeux bassin des champs, la cloche du village égrener la pluie sonore des notes de cristal de l’angélus du matin, que l’on vit arriver les hommes de la corvée.

Un joyeux vacarme éveille alors la ferme.

On a toute la prairie du ruisseau à faucher et la besogne sera rude sous l’ardent soleil. Mais les tâcherons ont de bons bras et de bonnes faulx et ils savent se servir à propos de la pierre à aiguiser. C’est André qui sera, cette année, le chef de l’équipe à la place de Paul.