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Une courvée dans les bois-francs



On était au dernier jour de mai de l’année 1852. Le soleil disparaissait au loin, derrière les épais taillis de la forêt, et filtrait ses derniers feux, à travers les hautes frondaisons, qui encerclaient la petite colonie de Ste-Julie — devenue maintenant le coquet village de Laurierville.

Des lueurs dorées s’épandaient mystérieusement sur les cabanes de bois rond, couvertes de terre ou de chaume, et dressées ça et là, le long des massifs de noyers, de hêtres majestueux et de pins gigantesques, qui avaient été les seuls maîtres des Bois-Francs, pendant un nombre indéfini de siècles.

Un sentier raboteux bordé de broussailles, formait la rue principale ; un peu plus loin, s’étendaient les champs d’orge, de seigle, de pommes de terre et de sarrasin des pauvres pionniers. Une vache noire et deux autres vaches rousses étaient affalées à l’ombre d’un orme séculaire, et quelques chevaux prenaient leurs ébats près des troncs calcinés, à la lisière de la forêt.