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UNE COURVÉE DANS LES BOIS-FRANCS

Quand j’étais de chez mon père, digue dindaine,
Jeune fille à marier, digue dinde.
Jeune fille à marier. (bis)

— T’es ben en joie, Pierre, lui cria Norbert Savoie, qui était venu de Somerset pour aider à la courvée et qui ajustait, en ce moment les croisées de la chapelle. Ça regarde mal, ça, tu sais… Quand on a l’air heureux comme ça… ça doit être parce qu’on a de l’amour au cœur…

— J’irai jouer du violon à tes noces, Pierre, continua Guillaume Regimbai, un grand homme au teint basané et à l’expression chafouine, qui posait à l’édifice, une porte de noyer brut, ornementée d’une clenche de bois.

— Vous jouerez aussi à nos noces, hein, répliquèrent deux autres gars qui clouaient, à tour de bras, les derniers madriers du perron.

— Ah ! j’irai ben sûr, reprit Regimbal. Après que mes récoltes sont finies, c’est mon métier, moi ça, de courir les noces, voyez-vous, et de faire danser les cotillons et les quadrilles. L’année passée, j’ai été comme ça à dix-huit noces… Cinq à Somerset, six à Stanfold, quatre à Gentilly, et le reste par icite, (sic), pis, j’ai manqué de périr deux fois dans la savane de Gentilly. J’avais perdu mon violon dans la vase, et en le cherchant, je