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LA CORVÉE CHEZ BAPAUME

on pourrait peut-être tout de même lui faire manger un peu d’avoine, à ce gaillard-là.

* * *

Il était à peine une heure de relevée quand, après s’être lestés à la hâte de leur dîner, une quinzaine de gais lurons s’attaquèrent aux douze arpents de foin de Bapaume. En ce temps-là, les machines à faucher ne faisaient que commencer à se répandre dans le pays, et, dans tous les cas, à St-Mathias, on fauchait encore alors à la faux. Or, en comptant un arpent par homme, et déduction faite des quelques travailleurs employés au chargement des charrettes, c’était tout de même, comme on dit, une fière pipe, pour une petite après-midi.

Aussi, le temps de le dire, le travail était-il en train. Les pierres à aiguiser battirent le tranchant des faux, avec le claquement sonore et particulier qu’on connaît bien ; puis les faux, une fois prêtes, entrèrent dans les foins avec un même mouvement harmonieux et cadencé de tous les bras. Sous les chapeaux de paille à larges bords, les figures ruisselaient ; et l’on allait, taillant en plein ; les ahan ! des faucheurs se faisant de plus en plus précipités au fur et à mesure que la fatigue se précisait. Mais on allait quand même, tout entiers à la hâte