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LA CORVÉE DU CIMETIÈRE

Qu’il était intéressant d’examiner la physionomie reposée de ces robustes campagnards ! Alors que cette journée était sombre et nuageuse, alors que partout les prairies avaient emprunté cette teinte fauve et sauvage de fin d’octobre, alors que, selon le poète,

De la dépouille de nos bois,
L’automne avait jonché la terre.
Le rossignol était sans voix,
Le bocage était sans mystère

tous ces corvéables paraissaient réjouis comme au printemps quand ils confient à la terre leurs espérances. On sentait que ce genre de réunion renfermait pour eux beaucoup d’attraits. Sans doute, ils semblaient heureux d’unir leurs forces dans un but de charité et de coopérer à la renaissance de ce qui autrefois avait été le beau cimetière de Saint-Jacques. N’y avait-il pas là pour chacun un coin de terre où reposaient des êtres aimés ? Ceux pour qui se donnait cette corvée, ce n’était point des voisins, mais des proches, un père, une mère, qui, en partant, avait emporté le bonheur du foyer. Plus que toute autre, cette pensée de chers disparus, à qui l’on veut offrir une marque d’amour avait rassemblé cette armée de travailleurs. Et cependant il y avait encore autre chose. Outre ce souvenir si naturel pour ces bonnes natu-