Page:Société Saint-Jean-Baptiste - La croix du chemin (premier concours littéraire), 1916.djvu/106

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Scènes d’autrefois et scènes d’aujourd’hui


La Bretagne a ses calvaires semés de genêts et d’ajoncs. À son instar, nos campagnes laurentiennes ont planté partout leurs croix du chemin, fleuries d’aubépines et de violettes ; elles les ont dressées vers le ciel pour en faire d’éternelles suppliantes. Ces croix ne sont-elles pas l’âme de la race ?

Grandes croix rustiques de chêne ou d’érable, lourdes croix de pierre blanche ou grise, sculptées par le ciseau d’artistes inconnus ; croix abritées sous l’ondoyante ramure des cèdres et des pins, calvaires dont les Christs grelottent sous les morsures du « nordet », croix plus humbles élevées dans la plaine féconde ou incrustées sur des rochers abruptes, toutes proclament bien haut la foi vive et l’amour ardent de nos campagnards.

À l’origine du pays, l’immortel Jacques-Cartier abordant aux rives de Gaspé, y plante une croix de trente pieds… « et après qu’elle fut