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Page:Société agricole et scientifique de la Haute-Loire - Mémoires et procès-verbaux, 1879-1880, Tome 2.djvu/113

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introduction

La loi de brumaire, en refondant les législations partielles édictées en l’an II et en l’an III, sur les rapports du conventionnel vellavien F. Lanthenas et de Lakanal, organisait, en première ligne, l’ensemble de l’instruction primaire. Quant à l’enseignement secondaire, la République avait beaucoup moins à fonder.

« Les anciens collèges, assez délaissés du reste depuis 1789, existaient encore et, malgré les vices de leur organisation et l’insuffisance des études, ils présentaient au moins un personnel, des cadres, des traditions qui pouvaient offrir à une construction intelligente les matériaux d’un enseignement mieux approprié aux nécessités de la France nouvelle. Tout était à refondre, tout n’était pas à créer[1]. »

En 1793, le concours général des collèges eut encore lieu et aucune disposition décisive n’avait été prise à l’égard de ceux de ces établissements n’ayant point encore fermé leurs portes, lorsque, le 16 septembre 1793, s’ouvrit la première discussion relative à l’enseignement public. Les esprits se trouvèrent partagés. Romme concluait au maintien provisoire des universités et des collèges. Fourcroy se prononçait contre une instruction secondaire salariée par l’État : « Ici, disait-il, comme dans toutes les autres parties des institutions républicaines, la liberté est le premier et le plus sûr mobile des grandes choses. »

Enfin, à la suite de longues et vives discussions, fut votée la création des Écoles centrales prenant la place des anciens collèges de l’Université.

Le rapporteur de la loi nouvelle fut Daunou, l’homme le plus savant de son temps. « Avec la tradition des anciennes écoles où avait été élevée sa jeunesse, il apportait à ce travail un esprit tout à la fois méthodique et libre : c’était un ancien membre de la congrégation de l’Oratoire et, en même temps, un vrai fils du xviiie siècle, rompu à ses habitudes de profonde et minutieuse analyse, pénétré de l’esprit des temps nouveaux et raison-

  1. Eug. Despois, Le Vandalisme révolutionnaire. Paris, Germer-Baillière, 1868 ; 1 vol. in-18.