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Page:Société agricole et scientifique de la Haute-Loire - Mémoires et procès-verbaux, 1879-1880, Tome 2.djvu/163

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nement ; elle exige une attention soutenue de la part de ceux qui l’écoutent, et pour s’en pénétrer, des connaissances au-dessus de celles qu’ont communément de simples cultivateurs.

N’attendez pas, Citoyens administrateurs, que cet état de choses change, tant qu’on ne trouvera pas dans les fêtes civiques l’agréable joint à l’utile et le plaisir à côté de l’instruction. L’homme est avide de connaissances ; il est non moins avide de plaisirs, et rarement, on les lui voit sacrifier au besoin qu’il a de s’instruire. L’on peut assurer d’avance qu’il préférera toujours ce qui flatte ses sens à tout ce qui ne tend qu’à la culture de son esprit et de son cœur. Eh bien ! emparez-vous de cette disposition presque générale dans les individus, sachez la mettre à profit ; elle peut tourner encore au profit de l’esprit public et la musique seule peut produire cet effet. La puissance de cet art favori des cœurs sensibles est connue depuis longtemps, et, quand nous ne saurions point tout ce que nous raconte l’histoire, les conquêtes de la liberté l’attesteraient assez. C’est en partie à l’enthousiasme qu’elle excite dans l’âme de nos guerriers que nous devons cette multitude de victoires qui ont étonné l’Europe, ébranlé le trône des rois, immortalisé le nom français. Ah ! elle a pu doubler le courage des soldats de la liberté, augmenter leur audace, les rendre gais et joyeux en présence de la mort même, pourquoi ne pourrait-elle pas, à l’intérieur, rallier à la patrie des cœurs qui ne l’ont peut-être connue que pour la haïr ! Ce prodige est-il plus surprenant que tous ceux dont nous avons été les témoins ? Non, sans doute ; et c’est ce qui nous permet de l’espérer.

N’éloignez donc pas davantage, Citoyens administrateurs, l’époque de l’organisation d’un établissement qui peut être utile, puisqu’il ne dépend que de vous de le créer. Que par vos soins, les fêtes nationales présentent toute cette pompe et cette majesté qui imposent, cet attrait qui subjugue. C’est là le vœu de la loi, celui de tous les républicains ; votre patriotisme nous atteste qu’il sera rempli.

Salut et fraternité.

M. A. Rochefort, Rabany, Barrès,
F. André, Giriat.