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somme de 1,400,000 livres qui a été employée aux travaux du canal.

En 1692, on proposa au contrôleur général de faire cette même création en réduisant la remise à 13 deniers. Les frais déduits, il resterait à ces receveurs des communautés un bénéfice de 7 deniers, qui, au denier dix, équivaudrait à une finance de 1,458,330 livres. » (Lettre du 21 juillet de M. de Bâville.)

Sous une forme très circonspecte voilà une critique éloquente du système employé par l’ancien régime pour le recouvrement de l’impôt foncier en Languedoc et en Velay, et cette critique se rencontre sous la plume d’un haut fonctionnaire, s’entretenant en style officiel avec le ministre des finances de 1689.

L’Annuaire de la Haute-Loire, de 1879, partie historique, pag. 28 et suiv., a déjà expliqué le mécanisme de l’impôt direct dans notre diocèse et surtout son mode très vicieux de perception. Les Tablettes, VI, pp. 197 et suivantes, dans la Description géographique et historique du Velay par les curés de nos paroisses, nous montrent les consuls des campagnes réduits strictement au rôle de collecteurs de la taille. Le gouvernement faisait donc, aux XVIIe et XVIIIe siècles, recouvrer les contributions par les contribuables eux-mêmes. M. de Tocqueville a décrit la misère des collecteurs du XVIIIe siècle, et nous pouvons vérifier sur place, dans notre propre pays, la vérité des peintures de l’illustre écrivain. Chose curieuse ! le mode de perception, usité sous Louis XIV, Louis XV et jusqu’en 1789, était tout bonnement emprunté à l’administration romaine. Sous les empereurs des IIIe et IVe siècles, la rentrée de l’impôt ne s’opérait point par les agents du fisc. Tous les ans, chaque curie nommait des susceptores ou collecteurs, et les délégués locaux recevaient du contribuable sa quote-part fixée par des répartiteurs responsables du paiement et nommés curiales. Ce système aboutit à un double résultat, signalé par tous les historiens de la Décadence : l’oppression des contribuables et la ruine des curiales. Le même système produisit chez nous les mêmes