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notice sur la bruche des lentilles

tres à moitié dans l’enveloppe de la lentille et enfin d’autres complètement entrés dans l’intérieur et venant se loger entre les deux cotylédons. C’est cette larve qui cause tout le dégât, une fois installée, elle dévore autour d’elle toute la substance féculente ; et, lorsqu’elle sent sa transformation prochaine, au lieu de manger circulairement comme elle l’a fait jusqu’alors, elle creuse une sorte de galerie aboutissant à l’écorce de la lentille qu’elle ne perfore jamais, mais qu’elle laisse aussi mince que possible. Son travail terminé, elle se change en chrysalide et attend dans un engourdissement complet sa transformation définitive en insecte parfait. Ce temps d’incubation est plus ou moins long et activé surtout par l’élévation de la température, soit naturelle, soit artificielle et occasionnée par la fermentation des lentilles ramassées en tas ou renfermées dans des sacs. Aussi voit-on des bruches percer la mince cloison qui les tient enfermées et qu’elles brisent par un simple effort de leur tête, à toutes les saisons qui succèdent à la maturité des lentilles. S’il fait chaud, vous en trouvez en abondance au moment même de la rentrée ; plus tard, elles sortent, soit dans les sacs, soit dans les greniers, et en toute saison les magasins des négociants en légumes secs en sont remplis.

Mais cette quantité d’insectes est vouée pour moi à une mort à peu près certaine sans progéniture. Ceux-là seuls qui restent dans la graine, au moment de la semence, sont dangereux, car à ceux-là seuls sont permis l’accouplement et la fécondation. Que quelques individus isolés s’échappent, au printemps, des granges ou des magasins lorsque les lentilles sont poussées, la chose est possible, quand on a vu à cette époque, comme je l’ai observé, la vivacité et la rapidité de leur vol au grand soleil ; mais l’éloignement des champs ne permet guère d’admettre que de rares exceptions. Par ce fait et pour moi, la propagation des bruches provient à peu près exclusivement des sujets enfouis avec la semence du printemps. Avec cette conviction, il nous restait à étudier les moyens de destruction à deux époques différentes, antérieurement à la semence et au moment de la floraison.