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Page:Société agricole et scientifique de la Haute-Loire - Mémoires et procès-verbaux, 1879-1880, Tome 2.djvu/282

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les rochebaron

À l’âge de vingt-un ans révolus, si l’écuyer avait donné des gages de prud’homie, honneur et vaillance, il était armé chevalier et, à ce couronnement de sa carrière, il trouvait encore la religion pour sanctifier sa qualité nouvelle. Les cérémonies préliminaires à la réception ou ordination du chevalier : le bain, signe de la pureté de corps et d’âme, la veillée d’armes, la confession souvent à haute voix, la communion, puis la messe solennelle où se bénissait l’épée, la présence à côté du récipiendaire de deux parrains, éprouvés dans la guerre et les tournois, l’investiture du candidat au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, tous ces nobles symboles d’un sacrement militaire et religieux, cet imposant rituel dont on admire la haute portée morale même à travers l’immortelle satire de Don Quichotte, ont été trop souvent décrits pour qu’il soit nécessaire d’y revenir. L’ordination des chevaliers par le Dauphin dans notre Cathédrale, le 15 mai 1420, est l’un des plus beaux souvenirs de notre histoire vellave. Rappelons-le toutefois : les défenseurs de la ville du Puy en 1419, les barons de Queyrières, de Roche-en-Régnier et leurs valeureux compagnons ne firent que recevoir du futur Charles VII la confirmation d’un titre, déjà conféré sur le champ de bataille de Serverette[1]. Les créations sommaires de chevaliers, à la veille, au lendemain et au moment même de l’action, apparaissent fréquemment dans les chroniques. C’est ainsi que François Ier fut armé chevalier par Bayard dans les plaines de Marignan[2].

Nos annales et nos diplômes regorgent de ce titre de miles. Le miles, ou chevalier du moyen âge, prenait rang dans une hiérarchie purement honorifique. La chevalerie constituait une dignité et non un grade. Dès qu’il avait reçu sur sa tête l’onction sainte et sur ses épaules le plat de l’épée, le plus pauvre gentilhomme ne relevait que de Dieu et se trouvait, dans l’ordre purement mo-

  1. Tablettes, V, 564.
  2. Bayard était alors simple lieutenant d’une compagnie d’ordonnance et arma le roi « devant tant de chevaliers de l’Ordre et de gens de bien qui estoient venus là pour leur plaisir. » Mémoires de Fleuranges.