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variétés historiques et biographiques

Ce dernier le reçut chez lui avec amitié ; et le dédommageant, en quelque sorte, de ce qu’il avait perdu en ne faisant pas sa philosophie, il lui rendit la science si aisée qu’il parut à Lanthenas, ainsi qu’il nous l’apprend, « impossible de ne pas aimer son maître autant que celui-ci savait rendre les sciences aimables et intéressantes ». Les conseils de Devilliers, joints à ceux de tous ses autres amis lyonnais, Roland, de retour d’Italie, en tête, contribuèrent beaucoup à pousser Lanthenas hors du commerce et à le tourner vers la médecine. D’un caractère timide, accoutumé à plier devant les volontés paternelles, il n’aurait sans doute jamais eu, à lui seul, le courage d’aborder une telle voie et surtout d’en faire part à son père dont il dépendait entièrement ; car il ne suffisait pas seulement d’obtenir de lui la permission d’embrasser cette nouvelle carrière, il fallait surtout l’assurance de conserver cette bien modeste pension de 800 livres, sans laquelle cette permission aurait été illusoire.

Lanthenas choisit Roland pour négociateur. Un voyage au Puy fut arrêté. Roland, en effet, avait déjà une certaine notoriété et tout faisait espérer qu’il réussirait dans cette tâche difficile. Les deux amis partirent donc pour le Puy dans les premiers jours d’octobre 1778 et vinrent débarquer au Collet, ce pittoresque ermitage que les Lanthenas possédaient depuis plusieurs siècles aux portes de la ville[1].

    Montribloud. En septembre 1785, il dut faire cession de tous ses biens à ses créanciers. Il mourut le 11 août 1786.

    Quant à M. Devilliers, je renvoie à Dumas, Histoire de l’académie de Lyon, t. I, p. 388.

  1. Cf. Revue critique d’histoire et de littérature, t. XVII de 1884, p. 194.

    À l’occasion de la reproduction d’un fragment du voyage de Roland, je ne puis donner la biographie de notre compatriote, il me suffira de dire que ce voyage n’eut pas tout le résultat désiré. Ce ne fut qu’en 1780 que Lanthenas obtint enfin de son père l’autorisation de se livrer à l’étude de la médecine. Il suivit les cours des plus célèbres professeurs de Paris, et fut reçu docteur à Reims le 13 septembre 1784. Plus tard, élu à la Convention par les départements de la Haute-Loire, de Rhône-et-Loire, il opta pour ce dernier ; il dut à l’intervention de Marat, de n’être pas compris dans la proscription des Girondins et vécut assez pour voir la fin funeste de ses anciens amis, et pour lire le jugement