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Ces quelques traits de bienfaisance sont, par eux-mêmes, assez éloquents, si l’on songe surtout qu’après la Révolution la fortune des Lafayette, déjà amoindrie par la guerre d’Amérique, se trouva encore considérablement réduite[1].

Mais reprenons notre récit. Lafayette fit, en 1785, un autre séjour à Chavaniac d’où, ainsi que nous l’apprennent ses Mémoires[2], il se rendit à Nîmes, sous prétexte d’y causer des affaires commerciales des États-Unis, mais en réalité pour y voir le vieux Paul Rabaut, père de Rabaut-Saint-Étienne, qui avait été victime de persécutions.

En 1786, le général Lafayette acquit la terre de Langeac de son dernier seigneur, Joseph de Lespinasse-Langeac, fils de la célèbre marquise de Langeac, maîtresse du comte de Saint-Florentin, plus tard duc de La Vrillière.

Dès l’année 1783, en le fêtant, à son second retour d’Amérique, les Langeadois avaient manifesté à leur voisin de Chavaniac leur désir de lui appartenir. Le 4 août, leurs notables se rendirent au château, comme l’avaient fait des députations toutes les villes environnantes, offrirent au Général le d’honneur et lui adressèrent ce compliment :


« Monsieur,

Le nom de Lafayette, grand d’origine, cher à l’État et répandu dans les fastes de l’histoire, vient de retentir glorieusement sur l’un et l’autre hémisphère. C’est vous, Monsieur le Marquis, qui, secondant les vues généreuses et bienfaisantes du prince, avez combattu contre ces orgueilleux et redoutables insulaires, les Anglais, nos ennemis, qui avez rendu la liberté à une nation opprimée et fixé l’attention de toute l’Europe.

Gilbert de Motier de Lafayette, l’un de vos ancêtres, se

  1. Voir, à l’Appendice no3, l’état des sommes qu’ont coûtées au Général la guerre d’Amérique et la Révolution française.
  2. Mémoires, t. II. p. 182.