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REVUE INTERNATIONALE DE L’ENSEIGNEMENT

on leur inculque mieux les méthodes scientifiques. Ce raisonnement peut être vrai, quand il s’agit des parties élevées de la science, de la préparation des travaux particuliers qui conduisent au doctorat ou même des épreuves de l’agrégation ; mais la licence est un enseignement relativement élémentaire. Il faut faire naître chez l’étudiant la vocation scientifique ; il faut lui ouvrir des horizons nouveaux, lui montrer comment les faits s’enchaînent. Le professeur doit s’animer à son cours ; il doit faire vibrer l’intelligence de son auditoire. Peut-il le faire, s’il ne s’adresse qu’à une ou deux personnes.

Il n’est donc pas étonnant que des professeurs et amis de l’enseignement supérieur aient songé à appeler dans les Facultés d’autres élèves que ceux qui se destinent à la carrière de l’enseignement, en y organisant des cours industriels et agricoles.

Bien d’autres raisons plaident en faveur de ces cours de science appliquée. On remarquait que dans les pays étrangers, il y a un grand nombre de laboratoires où les futurs industriels et agronomes vont apprendre ce qui est nécessaire à leur profession et où ils prennent en même temps les méthodes scientifiques propres à les guider dans les recherches individuelles. Ils y deviennent des savants, mais des savants avec préoccupations industrielles, tournant leur science vers les applications. Le chauvinisme superficiel acceptait volontiers cet adage très discutable, que les Français font les grandes découvertes théoriques, et que les étrangers les appliquent. Ce n’est pas le lieu d’examiner ce qu’il y a de vrai dans ces deux propositions, mais on doit constater que Îles hommes sérieux et patriotiques voient avec peine l’influence scientifique étrangère s’implanter partout, même en France, sous le couvert de l’industrie.

On en arrivait jusqu’à reprocher au gouvernement de n’avoir pas multiplié dans les Facultés des sciences les laboratoires de chimie et de physique appliquées.

C’était ne pas connaître les faits réels et se méprendre sur les causes qui empêchent dans les Universités le développement de l’Enseignement supérieur des sciences appliquées.

Depuis longtemps, des chaires de Chimie, de Physique, d’Histoire naturelle appliquées existent dans les Facultés des Sciences. Il suffit de citer la chaire de Chimie appliquée de la Faculté des sciences de Lille, qu’a illustrée Pasteur, l’École de Brasserie de Nancy, l’enseignement d’Électricité de Grenoble, les cours de Botanique agricole de Bordeaux et de Toulouse, etc.

Ce qui manque à l’enseignement scientifique appliqué, c’est moins les maîtres et les laboratoires que les élèves.