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POUR LA PÉDAGOGIE

hommes pour en faire vivre l’esprit et pour le faire passer partout à l’acte ?

Par exemple, quelqu’un osera-t-il affirmer nettement, sans réserve : 1o que les méthodes dites actives, qui sont la raison même, qui ont triomphé avec éclat et bon goût par les œuvres de mon très cher maître Marion, une fuis passées dans les prescriptions officielles, ont reçu dans la pratique de l’enseignement leur développement normal et leur complet épanouissement ; 2o que la nature et l’organisation des anciennes disciplines n’a pas laissé des regrets dans une partie du personnel enseignant et de tous âges, sentiment qui, pour être irraisonné, n’est peut-être pas entièrement déraisonnable ?

Et s’il ne se trouverait personne pour affirmer cela, n’en faut-il pas conclure qu’il n’y a pas eu adéquation des méthodes prescrites et du personnel à qui il était enjoint de les mettre en œuvre ?

C’est-que la nature des choses, on le sait pourtant bien, ne comporté pas, quand elles sont d’ordre intellectuel et moral, qu’elles soient modifiées seulement du dehors, par une intervention comme mécanique et que par ce procédé on n’obtient que l’apparence du résultat qu’on cherche, la contrefaçon et peut-être la faillite de l’effet qu’on désire.

Aujourd’hui, c’est à qui signalera l’anémie de notre enseignement secondaire et son défaut d’adaptation aux nouveaux besoins de notre vie nationale. Depuis quinze ou vingt ans, on l’a traité comme un malade, en lui appliquant périodiquement des remaniements de programmes. Plusieurs pensent qu’il est en grande partie malade de la fréquente application du remède ; cependant, à son chevet s’assemble d’office une commission qui lui donne bon gré mal gré une consultation, non de spécialistes, et qui estime au contraire qu’il faut pousser l’application du remède à un point héroïque, instaurer franchement un programme radicalement nouveau.

Le problème de l’établissement des.programmes est complexe et veut être traité à l’aide de toutes les lumières. Toutefois, l’histoire de la pédagogie montre que, des parties de cet art difficile, il est relativement et de beaucoup la plus facile, parce qu’en somme l’essentiel du programme se trouve déterminé pour chaque époque par l’état général de la science et de la civilisation à cette époque même. Il y faut mettre seulement une mesure de plus en plus juste à proportion que les connaissances humaines s’étendent, et certes cela devient délicat ou embarrassant ; mais comment le programme doit être étudié par l’enfant pour que de cette étude réussisse l’homme de demain, c’est là une difficulté infiniment plus profonde que celle