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POUR LA PÉDAGOGIE

me bien porter ; et si je me trouve très content d’ignorer la succession des régimes qui ont paru en France depuis la Révolution et de croire avec tranquillité que Louis-Philippe était le fils de Charles X, le reste à l’avenant (c’est ce que nous voyons couramment au baccalauréat), je ne me fatigue pas.

Mais je suis un élève moyen, j’ai l’intention de bien faire. Mon temps est partagé entre trois ou quatre professeurs, pour la littérature, les sciences, l’histoire, les langues vivantes. Or selon la méthode que m’appliqueront deux ou trois de mes maîtres, il pourra m’arriver (qu’on ne me dise pas : Non !) que je flânerai pendant une année et que l’année suivante je serai littéralement écrasé, si (c’est une hypothèse que je fais) aucun de ces professeurs ne se soucie de savoir quelle somme de travail m’imposent ses collègues et si chacun d’eux se croirait déshonoré de souffrir le moindre contrôle sur sa méthode d’enseignement et estimerait de son devoir strict et de sa dignité de défendre sa farouche autonomie individuelle dans sa classe.

Ceci soit dit pour montrer que la question de la surcharge et du surmenage entre autres est une question de méthode pédagogique et non pas seulement un objet de discours éloquents ou de dissertations et d’articles de journal, une question pédagogique où il faut sans doute faire sa part à la détermination du programme, mais où, le programme une fois déterminé, à moins qu’il ne soit tout à fait déraisonnable, le reste, c’est-à-dire ce qui importe le plus de beaucoup, relève de la science de l’éducation et de l’art des maîtres. Et au cas où le problème serait attaqué par ces procédés rationnels, le jugement des résultats ne saurait être en aucune façon formulé par la considération générale du ou des programmes, qui, la plupart du temps, n’en peuvent mais, et devrait être établi par la statistique des croissances, la mensuration des thorax, l’inspection des yeux et autres procédés analogues que j’indique par prétérition, pour épargner les délicats.

Ainsi s’ingénier sur les programmes sans se demander par quelle méthode on en obtiendra les effets qu’on souhaite, même si on réussit à arrêter des programmes raisonnables et utiles, c’est courir à d’inévitables échecs, puisque c’est demeurer le jouet d’une illusion du premier degré qu’une réflexion un peu précise dissipe tout de suite.

Dira-t-on que la détermination des programmes ne va pas sans l’idée d’une certaine méthode qu’ils impliquent, idée qu’il est même loisible de dégager et de mettre en lumière dans des instructions que l’on communique. Fort bien. Mais c’est ici que je reviens à mes