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REVUE INTERNATIONALE DE L’ENSEIGNEMENT

l’École leur y a plus d’une fois donné accès. Mais ces collections, fort intéressantes pour ceux qui savent, ne sont pas organisées en vue de l’enseignement tel qu’on le donne dans une Université ; elles présentent d’inévitables lacunes, et ne sont pas soumises à un classement méthodique. Est-il besoin d’ajouter que la galerie de l’école des Beaux-Arts, réservée aux élèves de l’école, n’est pas quotidiennement ouverte au public, et qu’elle ne l’est à nos étudiants qu’à titre gracieux ? Quand le dernier échafaudage aura disparu de la nouvelle Sorbonne, l’Université ne pourra donc offrir aux étudiants français ou étrangers qu’un musée exigu, insuffisant, se complétant à grand peine avec les ressources disséminées au dehors, et insuffisantes elles-mêmes. Elle ne possédera un musée normal que le jour où elle trouvera, hors des murs trop étroits de la Sorbonne, un emplacement assez vaste pour y loger la collection dont nous avons indiqué la nature. Mais ce jour viendra-t-il ?

Un des collaborateurs de la Revue analysait, il y a quelque temps, le rapport annuel des trustees de Columbia University, à Chicago. On y lit, en guise de conclusion, la phrase suivante : « Pour faciliter notre nouvelle installation, nous avons grand besoin du don de 250.000 dollars pour l’Institut de physique, de 250.000 dollars pour l’école des Ingénieurs, etc. » Columbia University recevra certainement ces dons, comme elle a reçu plus de deux millions pour son Institut de chimie ; et si elle réclamait un nouveau don pour un musée de moulages, elle l’obtiendrait sans doute d’un donateur jaloux d’attacher son nom à une importante fondation. Nos Universités ne connaissent pas encore le bienfait d’aussi larges libéralités ; mais est-il interdit d’espérer qu’elles le connaîtront quelque jour, quand le régime nouveau, qui a fait d’elles des personnes civiles, aura porté tous ses fruits ? Imaginer qu’un ami éclairé des arts et de la science dote l’Université de Paris d’un musée de moulages, répondant à toutes les exigences de l’enseignement et de la recherche, largement ouvert à l’étude, et ne laissant rien à envier aux plus florissants musées universitaires de l’étranger, est-ce là un rêve chimérique ? L’avenir le dira, mais la question vaut sans doute la peine qu’on la formule.

Max Collignon,
de l’Institut.