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L’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR EN ROUMANIE

notre exposition. En dehors de l’institution des docents, de la création d’une nouvelle Faculté de théologie, il nous semble que la nouvelle loi a l’air d’être trop imbibée de sentiments religieux, car la religion doit être enseignée même dans les classes supérieures du lycée. Il sera bien difficile de concilier l’enseignement religieux, avec l’enseignement scientifique ; surtout au lycée, où les jeunes gens commencent à distinguer ce qui est vrai et faux et s’aperçoivent bien vite de ce que peut signifier une légende. En outre, la loi tout en étant parfaitement étudiée est loin — pour le moment surtout — de répondre au niveau intellectuel du pays ; la loi quoique irréprochable a un mauvais côté pour l’application immédiate. D’où pourrait-on prendre toute cette élite qui formera l’enseignement universitaire ? Comment pourrait-on faire face à tous ces travaux originaux, réclamés par les concours ? Le mouvement scientifique et littéraire, de même que le niveau intellectuel actuel est très loin de répondre aux exigences de la nouvelle loi, et il faudra encore une vingtaine d’années pour avoir ce milieu scientifique qui sera capable de fournir tant de travaux originaux, car hélas ! l’originalité est bien difficile, quand on se rend bien compte de la valeur de ce mot ! Nous craignons qu’avec cette organisation, des travaux superficiels ne remplissent le domaine de la publicité, d’ailleurs comme ceux qui sont survenus après l’ancienne loi, qui réclamait un travail imprimé pour l’examen de licence ès lettres et droit, Il y a là une lacune qui sera peut-être évitée par cette commission de 90 personnes qui travaillent en ce moment, sous la présidence du ministre, pour étudier les règlements et les programmes réclamés par la nouvelle loi. La présidence de MM. Haret, et C. Dimitrescu-Iasi est une bonne garantie, que la commission sera alimentée des meilleurs aspirations, pour faire de cette loi, œuvre d’une génération d’élite, une excellente et praticable loi.

On pourrait alors dire, en tenant compte de la loi de l’enseignement primaire due à M. Take lonescu, que la Roumanie est au courant des questions pédagogiques et que l’enseignement roumain est digne de l’attention de l’Occident civilisé. Encore une fois, il faut bien réfléchir à cette transition brusque avec le présent, pour pouvoir empêcher beaucoup de malentendus et préparer l’époque, peut-être un peu lointaine, où cette loi pourra être applicable dans toute son étendue.

Paris, le 20 mai 1898.

N. Vaschide,
Lauréat de l’Université de Bucarest.