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REVUE INTERNATIONALE DE L’ENSEIGNEMENT

Interroger sur des matières qu’on n’enseigne pas, remplacer des professeurs qui ne s’absentent pas ou qui ne sont pas malades, c’est là, on l’avouera, une bien faible compensation à la somme de connaissances et de travail dont on vient de donner la preuve.

Ce droit dérisoire, acheté par tant d’efforts, acquis par des intelligences d’élite, qui pourraient tant donner si on leur demandait davantage, a quelque chose qui surprend, et l’on se demande comment, jusqu’à présent, on a pu si peu demander à ceux qui pourraient tant donner.

Malheureusement, à ce désir de demander à ces nouveaux venus dans l’Université une part active dans l’enseignement, il y avait une difficulté. On peut avoir été un très brillant concurrent, mais sans connaissances spéciales suffisantes pour faire un professionnel.

Comment s’en tirera l’agrégé qui, aussitôt après sa nomination, devra remplacer un professeur d’anatomie générale ou descriptive : faire des leçons de chimie générale ou biologique, de physiologie, d’histoire naturelle, de médecine légale ou comparée, voire même d’hygiène ou d’anatomie pathologique.

De quelle autorité auprès des élèves jouira cet agrégé qui souvent sort à peine de l’internat lorsqu’il sera appelé à faire des suppléances dans les diverses chaires de cliniques générales ou spéciales, obstétrique, aliénation, maladies syphilitiques ou cutanées. Pareil état de choses ne peut durer.

Pour le faire cesser, votre Commission a pensé qu’il n’y avait qu’un moyen : revenir au stage.

Pourquoi, du reste, cette période d’instruction professionnelle, exigée partout ailleurs, parce qu’elle a été reconnue indispensable, n’existerait-elle pas à la suite de nos concours, aussi bien qu’à la suite des épreuves destinées à ouvrir les portes des écoles spéciales.

En médecine, comme dans ces écoles, quelles que soient les connaissances générales dont on aura donné la preuve, quel que soit le talent qu’on aura montré dans leur exposition, rien ne remplacera les connaissances techniques indispensables pour la plupart de nos enseignements.

Ces connaissances ne peuvent s’acquérir qu’après le concours. C’est donc forcément qu’elles entraînent une période intérimaire qui, selon que vous le déciderez, sera de deux ou trois ans, et qui durera avec le titre d’agrégé, depuis le moment précis de la nomination jusqu’à la période d’activité universitaire. Pendant la durée de ce stage, l’agrégé recevra le montant intégral du traitement habituel des agrégés, c’est-à-dire la somme de trois mille francs.

Si l’on n’acceptait pas cette façon de comprendre la période de stage, il y aurait encore un autre moyen — auquel, si nous ne nous trompons, de bons esprits contemporains ont, dit-on, songé — d’apporter à l’agrégation une réforme à peu près équivalente, et en même temps d’ouvrir à un plus grand nombre de jeunes hommes la carrière d’agrégé : le concours d’entrée deviendrait dès lors tout simplement un concours d’aptitude à l’agrégation.

Naturellement, c’est parmi les candidats pourvus de ce certificat d’aptitude, que pourraient être choisis tout d’abord les assistants de divers ordres, puis, au bout d’un temps à déterminer, les agrégés proprement dits.