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AGRÉGATION DE MÉDECINE

On dira peut-être, et nous sommes les premiers à en convenir, que l’agrégé peut, par des travaux originaux, mettre en évidence sa personnalité et devenir ainsi le point de mire de certaines Universités : cela sera toujours l’exception, par la raison bien simple que, s’il est connu par ses travaux de cabinet ou de laboratoire, on ne sait rien encore — et c’est surtout cela que l’on doit rechercher — de ses qualités professorales.

On peut citer à l’appui de cette observation un certain nombre de nos anciens élèves qui ont été appelés comme professeurs sans avoir passé par l’agrégation.

Pour en finir avec cette question des concours locaux, il importe de répondre à une objection qu’on leur a adressée bien souvent. Elle a trait aux difficultés qu’on rencontrera, a-t-on dit, pour constituer les jurys de ces concours.

Au premier abord, cette objection, pour des étrangers surtout, se présente avec une apparence de raison ; elle perd vite de sa valeur, si l’on veut bien réfléchir et remarquer que, dans une ville comme la nôtre, où pour les concours hospitaliers on trouve facilement, et chaque année, douze jurés tirés au sort, la Faculté, au moins pour la plupart de ses sections, pourra facilement constituer un jury de neuf ou sept membres, ce dernier chiffre nous paraissant largement suffisant pour assurer une juste appréciation des épreuves.

En choisissant, par exemple, ces sept membres de la façon suivante, quatre ou cinq dans la Faculté de Médecine, un agrégé, un ou deux membres des Sociétés savantes, ou des hôpitaux, il sera toujours facile de réunir un ensemble d’hommes dont la compétence sera non seulement garantie, mais au-dessus de toute suspicion. Avec cette composition mixte des jurys — et les choses ne se passent pas autrement dans les concours actuels à Paris — non seulement tomberont ces reproches de népotisme et de parti pris universitaire dont on parle quelquefois, mais il est plus que probable, il est même certain, que cette fusion d’éléments de juridiction, empruntés à des corps différents, apportera, dans les rapports de ces corps entre eux, non pas plus d’estime et de considération, ce qui est impossible, mais certainement plus de confiance réciproque et de sympathique intérêt.

L’objection qui a été faite, à propos des difficultés de recrutement des jurys, s’adressait surtout, nous le savons, au concours de l’agrégation des Sciences accessoires. Là encore il ne nous paraît pas impossible, en faisant appel aux Facultés des Sciences, à l’École vétérinaire, aux Sociétés savantes de trouver un jury compétent. On appelait bien à Paris des juges de province ; pourquoi donc ne pourrions-nous pas faire appel à des juges régionaux ? Saint-Étienne, Dijon, Besançon, Clermont, Grenoble sont là pour nous les fournir.

Pourquoi aussi, si la chose était nécessaire, ne demanderions-nous pas le concours des professeurs des autres Facultés ? Il est plus que probable, étant donné la durée relativement courte de nos concours, et le relief qui en résulterait, que bon nombre d’entre eux consentiraient à nous le donner. Ce serait une occasion pour nous de les voir de près, de les mieux connaître, et nous tâcherions de les bien recevoir.

Tout cela est important, très important sans doute, mais tout cela est à étudier, à régler dans les détails d’application, avec les professeurs inté-