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documents et notes sur le velay

titution lui semblait révolutionnaire et factieuse au premier chef. Les bourgeois du Puy firent preuve de la plus étonnante opiniâtreté ; ils subirent les bourrasques, reculèrent de temps à autre, cédèrent sur les détails, pratiquèrent en un mot la doctrine de l’opportunisme, mais le principe essentiel ne fut jamais sacrifié. Nos aïeux tenaient à leurs consuls comme à leur seule garantie civile et politique et ils finirent par avoir raison de toutes les résistances. En 1382, le pape Clément VII intervint en personne et consacra par sa décision suprême le consulat anicien, objet de tant de conflits et de disputes.

L’histoire peut montrer des communes plus illustres, plus florissantes que celle du Puy ; elle en offre peu qui aient montré une énergie aussi tenace. Nos bourgeois ne désespèrèrent en aucun temps de leur bon droit, et, au milieu du déclin du tiers état, durant les XIIIe et XIVe siècles, ils montrèrent une tenue, un sangfroid, un esprit de suite vraiment admirables. La noblesse des actes ne se mesure point au périmètre du territoire. À petite patrie grands courages. L’héroïsme de Guillaume Tell se déroula sur un glacier perdu de la Suisse. Le consulat du Puy eut, en effet, les reins souples et la vie dure. Tandis que ses grandes sœurs du Nord disparaissaient l’une après l’autre sous l’effort combiné de l’oligarchie terrienne et de l’autocratie épiscopale, l’humble commune anicienne, battue de fréquents orages, sauvait son frêle esquif et arrivait au port sans trop d’avaries. — « Hélas ! dit l’auteur déjà cité, ces franchises, qui, dans tous les pays d’Europe, ont été comme le gland d’où sont sorties, ainsi que de grands chênes, les fortes institutions de la liberté, ont été déposées sur le sol de la France ; il ne leur a manqué que d’y prendre racine et d’y fleurir. On n’a pas plutôt en effet tourné la page et le XIIIe siècle est à peine commencé, que ce mouvement d’émancipation des communes, la première œuvre du tiers état naissant, s’embarrasse, recule et bientôt s’arrête. Plus d’une commune affranchie devient le théâtre de violences populaires ou de brigues électorales. Les sei-