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mémoires

ville se rendit à Châteauneuf-Randon où il devait trouver la mort (13 juillet 1380). Le chroniqueur raconte comme suit (édit. Chazaud, pp. 115 et suiv.) le séjour du connétable dans nos murs :


Comment le conestable messire Bertrand se partit de Bretagne, sur l’espoir de s’en aller en Espaigne, passa par Bourbonnois, ou le duc le festoia, et alla devant Chastelneuf de Randon, ou il morut, et ot le chastel.

Jà couroit l’an de grâce M III LXX et neuf[1], que le bon conestable messire Bertrand de Claiquin meut du païs de Bretaigne pour vuider le païs et royaume de France, comme il avoit promis aux ducs d’Anjou et de Bourbon ; et pour son bon los, à l’accompaigner et servir se présentèrent plusieurs barons et seigneurs de moult de parties, lesquels il regracia de celle offre, et ne voult mener o lui, pour son allée accomplir, fors trois cens hommes d’armes. Et bien ordonnée son affaire, se mit au chemin pour s’en aller demeurer en Espaigne, et avec sa compaignie vint passer par Bourbonnois, où le duc Loys estoit, qui le festoya grandement, et de rechief le cuida convertir de le retenir, comme cellui qui avoit grant regret en son allée ; mais le duc n’y peut oncques mectre remède ; et à son despartir, lui donna un bel hanap d’or, esmaillé de ses armes, lui priant qu’il y voulsist boire toujours pour l’amour de lui, et lui donna aussi une belle seincture d’or, très riche, de son ordre d’Espérance, laquelle il lui mit au col, dont le conestable le mercia, et en fut moult joyeux. Ainsi prindrent congié l’ung de l’autre, et lui bailla le duc de Bourbon dix gentilzhommes de son hostel, pour le conduire quatre journées, lesquels furent Jehan de Chastelmorand, qui portoit l’enseigne du duc de Bourbon, Gauvain, Michaille, Perrin d’Ussel, messire Odin de Rollat, Champropin, le bastard de Glarains, le borgne de Veaulce, et autres. Et estoient gens que le conestable amoit moult, et qu’il congnoissoit ; et le convoyèrent au Puy-Nostre-Dame, où les citoyens lui supplièrent que, pour Dieu, il voulaist aller devant Chastelneuf-de-Randon qui destruisoit le païs, et que, aincois qu’il se partist du royaume, le

  1. 1380, nouveau style.