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celui de son frère François Ier, elle transmit à sa fille Jeanne d’Albret, laquelle, à son tour, en dota Henri IV ; forme qui se perpétua ensuite aux descendants de la même race[1]. Marguerite habita successivement Alençon, enrichissant les hôpitaux de cette ville ; puis, Nérac, où lui échut l’héritage du saint évêque Jacques Lefèvre d’Etaples, son admirateur, mort à l’âge de cent deux ans, presque à sa table, à laquelle, par un singulier contraste, avait aussi trouvé place Calvin, le fougueux réformateur.

Les savants et les poètes, Brantôme, Bayle, Ronsard et autres ont célébré leur bienfaitrice dans des pièces de vers et des éloges funèbres. Voici une épitaphe par Valentine d’Alsinoïs :


Musarum decima et charitum quarte, inclyta regum
Et soror et conjux Margarita illa jacet.

« Dixième muse, la quatrième grâce, de rois illustre sœur et épouse, Marguerite repose ici. »

Trois jeunes princesses, Anne, Marguerite et Jeanne de Seymour, composèrent, en son honneur, plus de deux cents vers latins que traduisirent les plus célèbres poètes du temps, et qui furent recueillis par leur précepteur, le comte d’Alsinoïs, sous ce titre :

« Tombeau de Marguerite de Valois, fait en distiques latins par trois sœurs princesses d’Angleterre, et traduits en grec, italien et français, par plusieurs excellents poètes. »

Les poésies de Marguerite de Valois furent publiées, pour la première fois, à Lyon, en 1547, par le célèbre imprimeur lyonnais, Jean de Tournes, sous le titre de Marguerite de la Marguerite des princesses ; c’est un recueil de petits poèmes, pièces fugitives, épîtres, chansons, ballades, où l’élément mystique tient une

  1. On peut juger de ce trait caractéristique du visage de François Ier, — le premier des Bourbons qui en offre le vrai type, — sur deux bas-reliefs, de style très-remarquable, conservés au musée du Puy et exécutés dans notre ville, vers l’époque de l’entrée solennelle de ce souverain.