Page:Société des amis des sciences, de l’industrie et des arts de la Haute-Loire - Mémoires et procès-verbaux, 1878, Tome 1.djvu/389

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
313
statue de marguerite de valois

Angoulême de cette belle statue qui lui ayant été commandée, sous l’administration de M. Sazerac de Forges, avait été admirée à l’Exposition de Paris en 1872. Dans la localité, on a soulevé quelques critiques, notamment celle du défaut de ressemblance traditionnelle, de la forme du nez, par exemple ; l’auteur se serait, dit-on, plutôt attaché à l’idée, au sentiment inspiré par les œuvres de Marguerite qu’à la réalité, au moins si l’on a égard au portrait qui a été reproduit par M. Eusèbe Castaigne[1]. Mais cette composition n’en est pas moins considérée généralement comme une œuvre magistrale.

L’habile statuaire avait montré les mêmes tendances, au début de ses études, lorsqu’il composa le buste du maréchal de France, Fay de Latour-Maubourg, ornement de notre musée Crozatier. Il se distingua surtout par un groupe dont le modèle en plâtre figura au salon de 1855. Exécuté en marbre, quatre ans après, ce groupe reparut au salon de 1859 et fut ensuite placé à Paris dans la cour de l’établissement des jeunes aveugles en mémoire de Valentin Hauy, fondateur de cette institution. C’est une œuvre qui témoigne du talent que l’artiste devait déployer également pour la statue de Marguerite. Hauy est debout, dans l’attitude de la réflexion : une main soutient son visage incliné, l’autre présente un manuscrit qui retombe sur la tête d’un enfant, assis à ses pieds, chétif, privé de la vue et couvert d’habits en lambeaux.

On voit que la statue de Marguerite de Valois a été exécutée d’après le même sentiment, à la fois littéraire et poétique, que reflète celle d’Hauy. Dans l’une et dans l’autre statue, tout est bien compris, bien exprimé. L’auteur a su rendre, ici, jusqu’au pénible aspect de la souffrance et des misérables haillons ; là, jusqu’au velouté et au chatoiement de la soie.

La planche gravée, jointe à cette notice et exécutée d’après

  1. Le statuaire s’est cependant attaché à reproduire le portrait de cette princesse, tel que l’offre un tableau attribué au peintre Clouet et qui lui avait été communiqué par M. de Thiac, président de la Société d’agriculture d’Angoulême.
IIe série, 1879.
11