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de la date qu’il assigne à cette même carte itinéraire conjecturalement attribuée à l’époque des Théodose (Théodose le Grand ou Théodose II, vers 393 ou 435). Il semble que ce document, sauf des interpolations et changements successifs, doit son origine à la carte de l’Empire romain, que, d’après l’ordre de l’empereur Auguste, Agrippa, son gendre, parait avoir fait exécuter.

Les preuves sont assez concluantes pour mériter l’attention : par exemple, on y voit mentionnées les villes d’Herculanum et de Pompéï, qui, l’an 79 de notre ère, avaient cessé d’exister, englouties sous les déjections volcaniques du Vésuve. Il y a, en outre, le royaume de Cottius que Néron avait supprimé. Dans la Gaule, les noms de capitales de Civitates y sont généralement ceux qu’elles portaient sous le règne du premier empereur. Or, l’on sait qu’aux IVe et Ve siècles, presque tous les noms gaulois et gallo-romains de chefs-lieux avaient disparu, remplacés par ceux des Civitates. Ainsi Avaricum était devenu Biturigum (bourges) ; Revession (Saint-Paulien), dans nos inscriptions du IIIe siècle, n’est même désignée constamment que par son titre de Civitas Vellavorum, etc. Les distances indiquées sur ce même itinéraire, à toutes les stations ou étapes de notre voie romaine qui parcourt une longue zone du pays des Vellaves, sont énoncées en lieues gauloises, tandis que sur les colonnes itinéraires — qui, érigées aux noms d’empereurs romains du IIIe siècle, existent encore sur le parcours de la même route, — les inscriptions ne relatent plus que des milles romains, signe évident de postériorité.

On ne peut davantage accepter l’étymologie proposée par M. Castaigne pour la dénomination de Boène (altération de Bolène), incorrectement traduite dans quelques textes du moyen-âge par Bovina, à l’égard de l’une des antiques voies de la Charente qui se dirige de Périgueux (Vesuna petrocoriorum) vers Saintes (Mediolanum Santonum), par Cognac (Cunaccum).

D’autres routes romaines, dans le Velay, en Provence et ailleurs sont désignées par le même terme générique dont la vraie forme Bolène s’est perpétuée partout dans le langage du pays et dans de vieux documents. C’est un nom qui dérive évidemment de bola, expression fort ancienne, gauloise peut-être, qui, ainsi que l’a prouvé notre confrère M. Aymard, signifie pierre plantée et par extension colonne. Ces Bolènes, en effet, paraissent avoir été généralement des voies militaires. Les colonnes qui les jalonnaient, et qui portaient des inscriptions aux noms des empereurs, avaient pour objet d’indiquer les distances aux légions en marche. Certaines routes gauloises pouvaient avoir eu la même qualification motivée par la présence