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américains mortes par suite des ravages de l’insecte ; et lorsque j’ai lu ensuite le long et consciencieux travail de M. Causse, que j’avais trouvé dans la conversation un des zélés partisans des vignes américaines, je me suis demandé si, dans sa conviction intime, il n’y avait pas beaucoup à en rabattre du premier enthousiasme, et si, avant de décréter la mort de toutes les vignes françaises, il ne fallait pas attendre longtemps encore. Car, Messieurs, adopter les vignes américaines, en acceptant qu’elles soient complètement résistantes ; renoncer à une lutte conservatrice, c’est voter la destruction absolue des vignes françaises encore indemnes. Vous avez vu le mode de propagation du phylloxera : il se nourrit en abondance, avons-nous dit, sur les vignes américaines ; nous aurons donc chaque année, de toutes les contrées où elles seront cultivées, des myriades d’insectes ailés qui rendront impossible la conservation de nos plants qui n’ont pas malheureusement la force de se défendre.

Nous avons souvent prononcé, depuis un moment, le mot de porte-greffes ; je vous en dois l’explication.

En présence du peu d’avantages que présente la production directe des vignes américaines ; après avoir constaté le goût détestable, foxé, c’est-à-dire sentant le renard, de la majeure partie des produits des plants exotiques, on s’est demandé si on ne pourrait pas conserver, en les greffant sur plants américains, nos espèces françaises dont la supériorité est incontestable. Les variétés de vitis vinifera de nos pays, même les plus délicates, se greffent avec succès sur les vignes américaines. Il y a là sans nul doute une grande question d’avenir, si, contrairement à l’opinion que nous avons timidement émise, les racines américaines, acclimatées en France, conservent leur résistance au phylloxera : ici même nous avons un motif de crainte de plus ; jamais le sujet greffé ne garde la vigueur du sauvageon sur lequel on l’a implanté ; souvent même le pied finit par tuer le greffon, tel est au moins le résultat sur les arbres fruitiers.

Là encore, par conséquent, une crainte que je désire voir dis-