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voile et de s’évertuer de prendre part pour se rendre à sa vraie et naturelle patrie.

« Je veux dire que ce Vicomte ayant par aventure ouï seulement discourir de l’opinion de certains anciens mais sages payens qui disoient qu’il y avoit une saison en laquelle l’homme doit se retirer des affaires du monde pour clore sa vie avec repos et tranquillité d’esprit dont semble parler le poëte Lucrèce :

Cur non ut vitæ plenus conviva recedis
Æquo animoque capis securam, stulte, quietem ?

« Ou bien, pour parler plus chrestienement, ce même Vicomte ayant appris dans l’école catholique que tant plus nous nous avançons sur l’âge et approchons de notre fin, d’autant plus nous devons nous éloigner et séquestrer des affaires du monde qui, comme des nuages et brouillards très-épais nous offusquant la splendeur des rayons du soleil, nous empêchent de nous élever et guider vers le ciel de ce soleil, notre vraie et naturelle patrie, notre cité assurée, stable et permanente, que tous les honneurs, grandeurs, dignités, richesses, délices et autres affections et vanités mondaines sont autant de fortes chaînes et nœuds gordiens qui nous tiennent tellement attachés et occupent si bien nos sens qu’il n’est pas possible, sinon après les avoir quittés et abandonnés tout à fait, de reconnoitre, désirer et aspirer à ces non périssables honneurs et contentements infinis que Dieu a préparés au ciel à ses élèves et serviteurs fidèles.

« Sur telles et autres belles considérations et motifs, ce noble Ponce, Vicomte de Polignac, divinement touché et inspiré, donna du pied à toutes les grandeurs auxquelles la fortune de ce monde l’avoit élevé, quitta sa maison, ses enfants et serviteurs, se confinant en l’ordre de Citeaux pour y user en repos et au service de Dieu le reste de sa vie environ l’an 1213, selon quelques-uns, un siècle tout entier après que l’honneur et la gloire de la