Ainsi comprise l’inscription présente un réel intérêt historique.
a) Elle enrichit d’un nouveau praeses la série des gouverneurs de Maurétanie Césarienne : M(arcus) Aurel(ius) Victor[1] ; et elle assigne à son gouvernement une date précise : (anno) prov(inciae) CCXXIIII[2], l’année 224 de la province, soit 263 ap. J.-C. Peut-être même, comme la dédicace dont il est l’auteur a été consacrée à l’empereur Gallien, dès le 1er janvier de cette année-là — K(alendis) i(anuariis) [3] — devons-nous penser que M. Aurelius Victor a gouverné la Maurétanie Césarienne au moins deux ans de suite : en 262 et en 263 ap. J.-C.
b) Elle permet d’attribuer au même personnage — dont elle complète, du reste, l’état-civil, par l’adjonction d’un prénom, M(arcus), qu’il ne porte pas ailleurs — la paternité de deux inscriptions, l’une de Rome, l’autre de Bucarest, et de préciser, à l’aide de ce rapprochement, les grandes étapes de sa carrière.
L’inscription de Rome est une dédicace, pleine de louanges, à l’empereur Gallien et à sa femme Salonine :
Gallieno, clementissimo principi, cuius invicta virtus sola pietate superata est, et Saloninae sanctissimae Aug(ustae) Aurelius Victor v(ir) e(gregius) dicatissimus numini maiesiatique eorum[4].
Aurelius Victor y est simplement qualifié de v(ir) e(gregregius) : sans doute, à ce moment, était-il au début d’une carrière procuratorienne dont ce titre, réservé aux chevaliers, est alors l’indice habituel[5].
L’inscription de Bucarest[6] est une fin de dédicace