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agréables à la vue, est, chose fâcheuse, peu résistant et se détache sans grand peine du fond d'or. C'est à cette circonstance, sans doute, que l'on doit d'en rencontrer si peu de spécimens. Le groupe de la Descendance de sainte Anne dont il vient d'être question en a conservé quelques vestiges ; le retable de Gustrovv, exécuté dans l'atelier de Jean Borreman, a gardé, assez intact, son ancien décor, même après la récente restauration dont il a été l'objet. Quant à celui de Saluces, acquis dans ces dernières années par la ville de Bruxelles, il donne la mesure de ce que ce procédé peut fournir.

Abordons maintenant l'étude des monuments. En première ligne vient le retable appartenant à la famille de M. le comte Maurin de Xahuys (voir fig. 42).

Cette œuvre intéressante constitue un point de départ dont on est en droit de se servir pour établir des identifications des plus précises. A vrai dire, tous les signes d'atelier qu'elle porte n'ont pas été définis, mais elle revendique néanmoins sa place dans l'histoire de l'art comme type d'une époque et d'une école *.

Il y a lieu d'en noter d'abord la structure rectangulaire avec la partie médiane surélevée. Les dais qui se développent au-dessus des groupes sont surmontés d'une galerie disposée en zig-zag, tandis que la partie inférieure est décorée d'une frise ajourée composée de flammes. Cette ordonnance, que nous avons étudiée plus haut, se retrouve dans maints spécimens sortis d'ateliers bruxellois. Les volets peints, de bonne exécution, évoquent l'école de Roger van der Weyden ; ils datent, comme les reliefs, des trente-cinq der- nières années du xv^ siècle. Pour les sculptures, œuvres conscien- cieuses pénétrées de bonnes traditions d'école, elles rentrent bien dans le cadre imposé à l'imagier ; les scènes, composées sans l'ombre de prétention, sont exécutées d'un ciseau alerte et som- maire ; et il y a là des attitudes d'une naïveté charmante. D'autre part, les draperies et le modelé des figures témoignent d'une réelle habileté plastique. Ajoutons que la dorure et la polychromie donnent au retable un aspect gracieux, surtout si on le replace, en imagination, dans le jour discret d'une chapelle conventuelle, dont cette sculpture faisait autrefois l'ornement -.

  • Le comincntairc de ces signes a été donné au début du présent chapitre.

- ('e retable provient d'un monastère de Ciarisses-Urbanistes, religieuses de

samir T'IaiK- < M.- m,, |)ctitc ville du Brabant septentrional. Voir Retnh/e d'autel