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avons pas rencontré la confirmation dans l'ouvrage que MM. Clo- quet et de la Grange ont consacré aux fastes artistiques de la cité tournaisienne *.

Les sépultures de Louis de Maie et de Jeanne de Brabant, d'une conception si pittoresque, étaient toutefois d'un aspect moins pieux et moins recueilli que celles des ducs de Bourgogne à Dijon, qui nous ont été conservées avec leurs cortèges de deuil- lants encapuchonnés. Il se dégageait des tombeaux de Lille et de Bruxelles une recherche à peine déguisée d'ostentation et de mon- daine vanité. C'était, du reste, beaucoup moins la mémoire du défunt qu'on avait voulu honorer, que la personne de leurs hauts et puissants héritiers.

Il importe encore de citer le tombeau d'Isabelle de Bourbon, seconde femme de Charles le Téméraire, inhumée en 1465. Le monument de cette princesse, érigé primitivement dans l'église de l'abbaye de saint Michel près d'Anvers, fut transporté dans la cathédrale de cette ville. Cette tombe, qui se trouve actuellement derrière le maître autel, se compose d'un socle de forme rectangu- laire pourvu d'une table largement moulurée. De tous les hauts- reliefs en bronze qui la rehaussaient, il ne subsiste que la noble gisante. La princesse est représentée étendue, le front ceint d'une couronne, les mains jointes, enveloppée d'un manteau amplement drapé. Les pieds reposent sur le chien traditionnel. Jadis, le soubas- sement était entouré de six statuettes d'attitudes variées, rappe- lant des personnages des deux sexes. Ces figures, que nous con- naissons grâce au Théâtre sacré du Brabant, du baron Leroy, auraient été anéanties à l'époque de la Révolution française. A défaut d'inscriptions et d'armoiries, il nous est impossible de nous rendre compte de la qualité des personnages qui faisaient cortège à la princesse française.

Bien qu'aucune donnée ne nous ait été transmise au sujet de l'auteur, cette œuvre semblait se rattacher pour le sentiment et le style à la manière mise en vogue par Jacques de Gérines. Ajoutons toutefois que le type traditionnel des pleurants revêtus de leur manteau de deuil, la tête perdue dans le capuchon, persistera encore longtemps, témoin le tombeau de Philippe Pot, conservé

^ /études sur l'art à Tourmu cl $ur Ic^ anciens artistes de cette l'ille.