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Les trouvailles faites dans le cimetière d'Anderlecht n'ont apporté aucune preuve convaincante d'une pareille conversion. Il est probable que les Francs, profondément attachés à leurs croyances religieuses comme la plupart des peuples germaniques, auront résisté longtemps aux exhortations des apôtres chrétiens. Cet état de choses a dû persister plus longtemps dans nos régions qu'en France où les Francs étaient mêlés à des populations chré- tiennes plus nombreuses. Il est probable qu'en Belgique les Francs sont restés, en majorité, païens jusque vers le règne de Pépin le Bref et peut-être même de Charlemagne. Les Francs qui ont été inhu- més dans le cimetière d'Anderlecht ne sont donc pas des Francs de Fépoque d'invasion ; ce sont des Francs paisiblement établis dans cette localité, y ayant leurs habitations, leurs propriétés et dont les descendants sont restés probablement au même endroit ou aux environs et ont formé la souche de la population actuelle d'Ander- lecht-Bruxelles.

Comme le cimetière d'Anderlecht est très vaste et a dû servir aux inhumations pendant de longues années, il est permis de présumer que plusieurs tombes sont plus anciennes que celle de la femme ensevelie avec le triens dont il vient d'être question. On peut donc vraisemblablement conjecturer que ces inhumations ont eu lieu depuis la fin du vi^ siècle ou le commencement du vir siècle jus- qu'aux premières années du viir siècle *, et à cette époque la villa romaine qui avait existé à cet emplacement, et dont les débris ont été trouvés dans le sol, avait été saccagée depuis longtemps. Il n'en devait subsister que de faibles vestiges et c'est probablement un terrain vague que les Francs ont utilisé pour leur cimetière.

Il me reste à décrire les objets trouvés ^ avec le tiers de sou d'or

^ Le cimetière franc de Lede paraît être aussi en partie du vii^ siècle. J'ai déjà dit que les monnaies (tiers de sou d'or) trouvées dans ce cimetière, et décri- tes par M. Piot, appartenaient au vi® et peut-être même au vii^ siècle. (Voir compte-rendu du Congrès international de numismatique, tenu à Bruxelles en 1891, p. 194.)

Il est douteux que le cimetière d'Anderlecht ait servi beaucoup plus d'un siècle.

M. D. Van Bastelaer est aussi d'avis que ce cimetière est de date assez récente; il tire cette conclusion du mobilier funéraire.

2 Dans VA7inuaire de notre Société^ 1899, p. 19-20, la place de ces objets n'est pas toujours exactement indiquée.