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couleur que celle dans laquelle elle apparaît encore devant nous, puisque — d'après l'article où M. De Busscher décrit l'état de la peinture avant sa « restauration » ^ — à cette époque déjà :

La duchesse de Bourgogne est vêtue dune ROBE ROSE DAMAS- SÉE DE ROUGE AMARANTE !

Devant cette constatation, que j'ai pu faire grâce au document produit par M. Vander Haeghen — constatation qui vient corroborer ce qui a été dit, tout à l'heure, par rapport à la réfection de la légende, avant 1855 — je suis donc fondé d'affirmer catégorique- ment que la peinture a subi une « restauration » importante pendant l'époque comprise entre la rédaction du manuscrit du xvii^ siècle — environ 16 13 — et la découverte en 1855.

Cette restauration, qui n'était peut-être pas la première, semble même- équivaloir à une réfection.

Ce point étant acquis, il ne me reste plus beaucoup à ajouter.

L'examen des deux dessins de M. De Vigne ^ suffira pour faire admettre par tout le monde ma conclusion formelle :

C'est que la peinture de la (^ Grande Boucherie » n'offre plus aucune valeur documentaire !

Les restaurations successives et radicales ont enlevé de cette œuvre d'art tout caractère d'authenticité.

Ceux qui voudraient y étudier la peinture à l'huile et ses procé- dés techniques au xv* siècle, n'apercevraient plus aucune trace de la facture primitive, par suite des réfections infligées à l'œuvre.

' Bulletins de l'Académie royale de Belgique, 1855.

'• Sans nous arrêter aux disproportions existant entre les figures et l'ensemble de ces deux dessins, signalons les parties principales refaites conjecturalement.

Ce sont :

les deux côtés,

le dessus et

le milieu du bas, endroit ovi tout un fragment de mur avait été enlevé, au moment même de la découverte ;

les deux personnages agenouillés derrière le duc et la duchesse de Bourgogne, dont les figures avaient été complètement effacées par l'enlèvement du badigeon ;

les quatre blasons, qui ont été tout à fait modifiés.

M. C.-A. Serrure avait déjà critiqué sévèrement la transformation arbitraire des casques qui étaient primitivement, disait-il, des « casques à bec » et dont deux ont été dénaturés par le dernier retoucheur {voir ma brochure citée, p. 15).