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à Tolède en 1569. Plus d'un Flamand ignoré a dû participer à l'exé- cution de tableaux en Espagne, notamment à Grenade, chapelle de Los Reyes, à Salamanque, à Madrid, chapelle de Saint-Clément (15 panneaux au Palais du prince); le triptyque d'Avila (au comte de Valencia), qui est marqué A. B., est aussi une imitation de David.

M. de Somzée possède encore un diptyque représentant les saints Jean-Baptiste et Jérôme et qui doit être antérieur aux pan- neaux de la Châsse.

A la suite de l'Ecole de Joest et de David, il est nécessaire de mentionner Barthélémy Bruyn (15 10-15 60), qui doit avoir étudié à Anvers ou dans les Pays-Bas et fut inscrit sur les registres de Colo- gne, le 1 7 septembre 1 533 . On reconnaît en Allemagne son éducation toute flamande, car on le suppose élève de Joest ou de son sosie, le maître de la Mort de Marie, et condisciple de H. von Mehlem (Jean de Malines?); au milieu des pastiches colonais, l'œuvre de Bruyn et ses portraits à fond de paysage surtout (à Francfort) se présentent de façon originale; les meilleures collections renferment de ces effigies. Ses compositions telles que les tableaux de saints et saintes de Munich, que l'on croit de Martin van Veen (n°^ 664 à 666), et qui furent peints à Cologne, sont aussi flamandes que sa Descente de Croix à fond doré, à Dresde, et que son Adoration des Mages (n° 357, Musée de Cologne). Celle-ci offre des brocarts à la Van Eyck et des étoffes changeantes à la David. La Madone de Nuremberg, et Anne et Marie, œuvre inspirée de David, nous montrent en lui un peintre peu génial peut-être, mais d'une grande valeur d'exécution et réellement flamand.

En somme, si nombre d'étrangers vinrent solliciter chez nous une sorte de naturalisation^ il est prudent de ne pas s'enorgueillir outre mesure de ces faits, motivés par notre sincérité d'expression.

Ils prouvent certes que notre sol est favorable à l'éclosion de l'art et à la conservation respectueuse des chefs-d'œuvre. Mais on aurait tort d'y voir une preuve de la supériorité de notre tendance compréhensive du beau, qui est spéciale mais incomplète.

La Flandre, comme toutes nos provinces, a produit des artistes nombreux et des hommes de vrai talent. Mais aucun n'est arrivé au summum de sa production sans l'exemple ou l'encouragement d'un maître exceptionnel, d'un éducateur de génie, ayant puisé en éclec- tique son miel aux sources étrangères.