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qu’il n’en était rien et ce fait ne leur avait pas échappé : Heidenstam, en effet, avait donné, des mêmes lettres, deux reproductions différentes, dans la Revue de Paris, d’une part et, de l’autre, dans son volume ! Les experts suédois avaient eux-mêmes signalé de graves erreurs de lecture. Le plus probable était donc que Heidenstam n’avait aucune idée des obligations qui s’imposent à l’éditeur de documents historiques. L’examen de la Collection de Löfstad a confirmé cette hypothèse de manière éclatante. Nous nous bornerons à un exemple, mais il est convaincant. Soit la lettre de la reine, en date du 21 octobre 1791 ; voici, d’une part, le texte exact et, de l’autre, celui que présente Heidenstam, p. 222-223 :

TEXTE ORIGINAL[1] TEXTE DE HEIDENSTAM[2]
Je ne craindrai jamais d’entendre

la vérité ; je saurai gré au contraire à ces Messieurs lorsqu’ils chercheront à me la faire connaître. Mais, lorsqu’après un plan adopté, une marche constamment suivie de ma part depuis 4 mois, ces Messieurs sans aucun motif apparent, sans qu’on se soit même encore refusé à aucun de leur avis, m’annoncent qu’ils s’éloignaient de nos affaires, me parlent des dangers pour eux de continuer cette correspondance, j’avoue franchement que je n’ai pu trouver dans cette démarche de leur part, ni le caractère, ni le désir du bien public que je me plaisais à trouver en eux. Il y avait des réflexions très justes dans la grande lettre, mais il ne s’agit pas d’un seul ministre : c’est le ministère entier qui, par la petitesse de son esprit et de ses moyens, ne peut pas servir le

Je n’ai jamais refusé ou

craint d’entendre la vérité. J’ai toujours su gré, au contraire, à ceux qui cherchaient à me la faire connaitre. Mais lorsque après un plan adopté d’un commun accord, une marche suivie avec constance de ma part depuis quatre mois, ces messieurs viennent me dire, sans le moindre motif apparent, sans que je me sois une seule fois refusée de suivre leurs avis, qu’ils préfèrent s’éloigner de moi et de nos affaires, qu’ils me parlent de l’inutilité pour eux de continuer cette correspondance, j’avoue franchement, que je ne puis trouver dans cette démarche de leur part ni le caractère de générosité, que je me plaisais à leur reconnaître ni ce désir de servir le bien public, que je croyais trouver en eux. Je ne

  1. On a modernisé l’orthographe, ce qui est sans inconvénient ici.
  2. Les parties conservées du texte original sont en italique. On remarquera que Heldenstam a supprimé les deux derniers membres de phrase et leur a substitué une phrase de sa façon.