Page:Soderhjelm - Marie-Antoinette et Barnave.djvu/272

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sera pas maître des choix ; on peut en juger par un seul exemple ; on vient de manquer une occasion décisive en Alsace ; les jacobins et la f. y tyrannisent toutes les administrations ; il y auroit été facile avec des commissaires adroits et bien intentionés de porter toute la province contre l’Assemblée, de donner l’éveil à plusieurs autres et de commencer la résistance. Or, voyez ce qu’a produit le mauvais choix des commissaires qu’on a envoyés. Je sais que le roi ne peux pas choisir contre la volonté des ministres ; il faut donc que le ministère soit entièrement fidèle au roi ; sans cela, il n’y a point de moyens de salut ».

Je lui ai fait remarquer qu’indépendamment de cet obstacles, les bons choix étoient très difficile ; il m’a dit qu’il s’entendroit très bien avec Mr de Marbois[1], s’il étoit ministre de la guerre ; qu’il lui croyait les qualités nécessaire ; qu’il auroit également désiré que Mr de Bougainville[2]fût à la marine.

Il m’a reparlé, de lui-même, de la Prusse ; il attribue les contradictions de cette cour aux vues différentes d’Hertzberg et des illuminés, et il pense que ces derniers seulement favorisent la démagogie de Paris : il desireroit qu’on envoya un subalterne intelligent à Berlin, pour gagner par argent les illuminés et connaître les véritables secrets de la marche de cette puissance et de ses relations avec l’Angleterre.

Le résulta de tous les détails dans lesquels Mr de b : est entré avec moi sur sa position particulière, c’est qu’il est très bien avec les administrateurs de départements ; qu’il n’est pas mal avec la ville de Metz ; qu’il se maintient avec son armée, en ayant grand soin de ne rien exiger, tout la force de commandement consistent aujourd’hui à ne pas commender. Enfin, il a fini par me faire les protestations les plus fortes d’attachement pour le roi et du désir de le servir utilement ; il m’a assuré qu’on pouroit toujours compter sur lui, mais qu’avec les trouppes qu’il avoit, et déjoué sans cesse par le ministre de la guerre, il se regardoit comme propre à peu de chose et peut-être comme inutil ; que si le roi sortoit de Paris, il indiqueroit les régiments qu’il croiroit les plus sûr pour servir de gardes.

Il m’a chargé en même temps d’assurer Mr de Mont. de la confiance entière qu’il avoit en lui.

Je l’ai laissé dans les dispositions les plus favorables, et je dois dire que je lui al trouvé les idées les plus justes tant sur notre position actuelle que sur les moiens d’en sortire ; mais je ne puis exprimer le dégoût, le découragement qu’il éprouve, et l’envie qu’il a de se retirer, si nos affaires ne changent pas d’icy à 2 ou 3 mois.

  1. Barbé-Marbois, ancien intendant de Saint-Domingue.
  2. Bougainville fut nommé ministre de la marine en septembre 1792 mais il refusa (Moniteur, IX, 733).