Page:Soderhjelm - Marie-Antoinette et Barnave.djvu/37

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fois Madame de Reignière » comme s’il s’agissait d’une amie intime de Marie-Antoinette, mais sans insister. Mme de Tourzel rapporte qu’aux Tuileries, elle couchait dans la chambre de la reine[1]. Il paraît certain que Marie-Antoinette lui accordait plus d’affection et de confiance qu’à Mme Campan. Les Jarjayes, de leur côté, lui étaient profondément attachés. Jarjayes se trouva aux Tuileries le 1o août 1792, et en février 1793, il noua un complot pour faire évader la reine. Marie-Antoinette n’aurait pas pu trouver en 1791 d’intermédiaire plus sûr ; par sa femme, il avait aussi plus de facilité qu’aucun autre à jouer son rôle.

En démontrant que Jarjayes a servi d’agent de liaison et qu’il a écrit les lettres, on démontre du même coup, à notre avis, l’authenticité de la correspondance. Car, enfin, s’il y a eu quelqu’un d’assez habile et d’assez insensé à la fois, pour contrefaire l’écriture de Marie-Antoinette, avec ses fautes caractéristiques de grammaire et d’orthographe, ce qui pouvait tout au moins avoir un certain sens, qui donc se serait donné la peine de contrefaire l’écriture d’un personnage de second plan, comme Jarjayes ? Qui donc aurait fabriqué des faux Jarjayes en bien plus grande quantité que des faux Marie-Antoinette, alors que ceux-ci offraient incontestablement le plus grand intérêt ? Mieux eût valu, assurément, fabriquer de toutes pièces toute une correspondance directe entre la reine et Barnave, en contrefaisant l’écriture de celui-ci…

Au surplus, la conviction que nous avions acquise par la critique interne, à savoir : que les lettres de la reine sont authentiques et que les réponses sont de l’écriture de Jarjayes, se trouve maintenant corroborée par l’expertise graphologique et aucun doute ne peut plus subsister.

VI

En publiant ces documents, nous avons cru devoir en respecter l’orthographe, du moins dans toute la mesure où la

  1. Mémoires, I, 337. Voir aussi les Mémoires de Mme Campan, II, 148.