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MARIE-ANTOINETTE ET BARNAVE

Correspondance secrète
(Juillet 1791-Janvier 1792)

I

NOTE DE MARIE-ANTOINETTE

Copie exacte de tous ce que j’ai écris à 2 : I et ces réponces, le tout par l’entremise de 10 :[1]

Ayant bien réfléchie, depuis mon retour[2], sur la force, les moyens et l’esprit de celui avec lequel j’avois causé[3], j’ai

  1. Cette mention se trouve inscrite en tête de l’original. La première lettre de la Reine qui s’adresse directement à Barnave et la réponse des triumvirs ne nous sont connues que par les copies qu’on va lire, et qui nous sont données par Marie-Antoinette.
  2. De Varennes.
  3. Barnave (Antonin-Joseph-Marie-Pierre) (1761-1793) était natif de Grenoble. Issu d’une famille bourgeoise de religion protestante, il n’en était pas moins apparenté par sa mère à des familles nobles. Ce fut au cours des troubles suscités par l’attitude du Parlement de Grenoble que Barnave se distingua publiquement pour la première fois. Il publia un petit écrit, contre le gouvernement, intitulé Esprit des édits enregistrés militairement à Grenoble le 20 mai 1788, qui le rendit célèbre. Il se joignit à Mounier, son compatriote, et dirigea avec celui-ci le mouvement révolutionnaire dans le Dauphiné. Son pays natal l’en récompensa, en l’envoyant siéger aux États généraux comme membre du Tiers État. Barnave s’y lia d’amitié, dès le début, avec Duport et les frères Lameth. Pendant longtemps il fut considéré comme un des chefs du parti patriote, mais au printemps de 1791, sa popularité chancela à cause de l’attitude qu’il adopta, en faveur de l’aristocratie coloniale, dans la question des droits à attribuer aux gens de couleur. Après la fuite du roi, ce fut sur sa proposition que l’Assemblée constituante envoya à la rencontre de la famille royale des commissaires pour veiller à la sécurité du roi et de la reine et au nombre desquels il figura lui-même. Sa conduite au cours de ce voyage de retour et ses prévenances à l’égard de la famille royale le firent désigner aux yeux du public comme gagné à la cause de la Cour. À vrai dire, ses opinions n’avaient point subi de changement brusque : elles avaient évolué lentement au fur et à mesure que la Révolution s’éloignait des buts que lui-même lui avait assignés et prenait un caractère nettement démocratique. Cela fut notamment le cas après l’événement de Varennes. (Barnave, Œuvres complètes, Ed. Bérenger de la Drôme, 4 vol., 1843 ; Miss Braby, The life of Barnave, 2 vol., 1915 ; G. Michon, Essai sur l’histoire du parti feuillant, 1924 ; et les compte rendus du livre de Miss Bradby, par Mathiez, Annales révolutionnaires, 1917, et Welvert, Revue critique, 1916, tome Ier).