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PREMIERE PARTIE.

CHAP.
ⅩⅬ.
De la premiere espece de Tranchées.


LEs Chevaux pour avoir trop mangé de grain ont ces sortes de Tranchées ; l’estomac ne le pouvant digérer, il y cause des cruditez qui suffoquent pour ainsi dire la chaleur naturelle ; comme elle fait effort de surmonter ces cruditez, il s’en éleve quantité de vents, qui se jettans dans les intestins, ou séjournans dans l’estomac y causent de grandes douleurs & des tranchées ; peu de Chevaux meurent de cette indigestion, à moins qu’ils ne fussent si goulus qu’ayant trouvé du grain à leur discretion, ils en eussent mangé jusques à crever, comme il est arrivé quelquefois.

Le seigle en quantité s’il n’est pas boüilly, cause facilement cét accident, car il est flatueux ; le froment est moins dangereux, n’estant pas si difficile à digérer ; les feverolles qu’on donne aux Chevaux pour les engraisser, causent aussi cét accident, si elles sont prises en trop grande quantité, comme aussi la trop grande abondance d’avoine donnée tout à coup.

Le remede pour cette sorte de Tranchées consiste à aider la digestion en fortifiant la nature, ce que vous ferez apres avoir vuidé les boyaux par un lavement : car pour des vomitifs il n’en faut pas parler aux Chevaux, puis qu’au lieu de les soulager il renversent toute l’œconomie naturelle, & ne font jamais vomir ; le lavement sera d’une décoction émoIliente & carminative, où vous adjoûterez une pinte de vin emetique, ou l’infusion de Crocus Metallorum.

En mesme temps il faut dissoudre dans une chopine d’eau de vie, une once de theriaque, ou d’orvietan, & une pincée de saffran, & vous ferez avaller le tout au Cheval d’abord qu’il aura rendu son lavement.

Si par ces remedes vostre Cheval ne guerit, il le faut fort promener, le couvrir, & empécher qu’il ne se couche ; l’ayant remis à l’écurie vous luy passerez une bassinoire pleine de braise au dessous du ventre, pendant un quart ou demie heure, & le tiendrez bien couvert. Comme on ne trouve pas toujours de l’orvietan, j’en donneray la description : il le faut faire dispenser par un habile Apoticaire, il est bon aux Hommes, au bétail à corne, & principalement aux Chevaux : en voicy la description fort fidelle.