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LE PARFAIT MARESCHAL.

Chap.
ⅹⅼⅳ
.
vrez le pot, coulez & exprimez, & gardez cette huile dans un vaisseau.

Dans un lavement ordinaire trois ou quatre onces de cette huile feront tres-bien pour chasser les vents & entraîner les humeurs visqueuses, qui bien souvent & presque toujours causent les tranchées : Cette huile est excellente pour les lavemens, elle fait plus que les électuaires qui coûtent bien plus cher ; l’experience vous en fera connoistre la bonté.

J’ay veu mourir des Chevaux par des tranchées causées de ventositez, ausquels tous les remedes precedens n’ont pû apporter de soulagement, quoy qu’on les aye pratiqué avec soin : comme on les a fait ouvrir estant morts, les boyaux se sont trouvez aussi enflez, que si on les avoit souflé à dessein. De remede à cela je n’en sçache point d’autre que de bons lavemens, de promener incessamment le Cheval, & ne luy donner de repos, que le moins qu’on peut, luy donner deux pilulles puantes, & une heure apres encore deux, si le mal continue, une troisieme prise encore une heure apres, on peut donner des lavemens entre les deux prises de pilulles, & par cette methode les vents pourront se dissiper. Il ne faut pas apprehender de donner trois prises de pilulles en trois heures, ils n’échaufferont pas trop, & pourront guerir le Cheval.


CHAP.
ⅩⅬⅤ.
De la troisiéme espece de Tranchées.


LA troisiéme espece de Tranchées, est plus difficile à connoistre que les précédentes ; elle provient d’une sorte de pituite vitre ou vitrefiée, qui s’attache aux membranes des intestins, & qui a de l’acrimonie, soit par pourriture & corruption, soit parce qu’elle est salée & mordicante ; elle irrite la nature, qui s’en voulant décharger fait violence, cause des douleurs étranges, qui font des tranchées insupportables, lesquelles souvent font mourir les Chevaux, ce qui n’arrive pas aux precedentes que tres-rarement. Cette maladie a du rapport au Tenesime des Hommes, qui n’est autre chose qu’une envie perpétuelle d’aller du ventre, sans le pouvoir faire. Le Cheval fait effort pour fienter & ne fait rien, il suë aux flancs & aux oreilles, & dans ces efforts s’il fiente c’est peu, & le plus souvent seulement quelques flegmes qui se détachent de ses boyaux avec douleur, après quoy il a un moment de repos & on le croit guery, mais bien-tost son mal recommence,